Il n'y a pas d'intervention militaire russe en Ukraine, selon la position officielle du Kremlin. Le gouvernement met d'ailleurs un point d'honneur à distinguer les volontaires russes, des combattants ayant de l'expérience militaire mais sans être enrôlés dans les forces armées, et l'armée régulière russe.
Ce sont pourtant certains soldats russes qui, malgré eux, livrent la preuve de leur présence en Ukraine, en dépit des dénégations de Vladimir Poutine, relève l'émission Sonar de la RTS vendredi. En effet, de nombreux militaires n'hésitent pas à documenter le conflit "de l'intérieur" sur les réseaux sociaux, à grand renfort de "selfies", sans se soucier des données de géolocalisation contenues dans leurs clichés.
Sans uniforme à Debalsteve
Le site Vice News a mené l'enquête, à partir notamment de clichés publiés par un soldat russe très présent sur le réseau social VKcontact, l'équivalent russe de Facebook. Chacune des photos que le jeune homme a posté durant plusieurs mois, de la Sibérie jusqu'en Ukraine, a été analysée, décortiquée et sa localisation vérifiée.
Le journaliste Simon Ostrovky s'est d'ailleurs lui-même rendu sur les lieux précis où ces selfies ont été pris et s'est mis en scène pour les reconstituer, afin de prouver ses dires.
Un autoportrait du soldat, sans son uniforme de l'armé régulière russe mais arborant un brassard blanc, a notamment été pris à quelques kilomètres de Debaltseve, dans l'est de l'Ukraine, où les pro-russes ont enregistré une importante victoire en février dernier. D'après la date à laquelle la photo a été publiée sur le site, c'est à ce moment-là que le jeune militaire se trouvait sur les lieux. Joint au téléphone par Vice, il a pourtant nié avoir quitté la Russie.
Magali Philip/jvia
Des "journalistes citoyens" sur la même piste
Une autre enquête sur le sujet a été publiée un collectif américain, The Atlantic Council, où officient plusieurs journalistes-citoyens. Dans un rapport publié fin mai, les auteurs ont étudié les publications en ligne de soldats afin de tracer l'étendue de l'activité militaire russe en Ukraine.
Leur méthodologie consiste à vérifier la localisation des photos de soldats et d'équipements russes, en utilisant les données disponibles sur internet. Les membres du collectif ne se sont en revanche pas rendus sur place.
Trahis par la géolocalisation: plusieurs précédents
L'été dernier, un autre soldat russe avait oublié que ses photos postées sur Instagram étaient géolocalisées. Il suffisait de cliquer sur la carte fournie avec l'application pour découvrir que les selfies de ce jeune militaire, où on le voyait en pleine opération avec ses camarades, avaient été publiés depuis l'Ukraine, depuis un lieu voisin de Krasnaya Talovka, où le Kremlin a toujours nié avoir déployé des unités.
Un djihadiste néo-zélandais revendiquant son appartenance au groupe Etat islamique avait également tweeté pendant plusieurs mois, fin 2014, sans désactiver la géolocalisation de son téléphone. Il avait ainsi communiqué sa position dans plusieurs zones de Syrie et la maison dans laquelle il séjournait le plus souvent.