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Les Alpes s'écroulent avec le dégel progressif du "ciment de glace"

Le sommet de la Jungfrau, dans le canton de Berne.
Le sommet de la Jungfrau, dans le canton de Berne.
Le réchauffement climatique ne fait pas seulement fondre les glaciers: il fait aussi tomber les montagnes. Depuis vingt ans, le dégel du "ciment de glace" qui lie les Alpes provoque des écroulements en série.

Avec au moins 150 écroulements recensés dans le massif du Mont-Blanc depuis le début de l'été, le niveau de la canicule de 2003 a déjà été dépassé, selon Ludovic Ravanel, chargé de recherche CNRS au laboratoire Edytem (Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne) au Bourget-du-Lac, en France.

Le rôle du réchauffement climatique dans ces écroulements est clairement établi depuis quelques années. La dégradation du permafrost (ou pergélisol), c'est-à-dire des terrains gelés depuis des décennies ou des millénaires, joue un rôle central dans ce phénomène.

650 événements depuis 2007

"Il ne faut pas voir les hautes montagnes comme quelque chose d'extrêmement solide", explique Ludovic Ravanel. "Si l'on fait fondre le ciment des montagnes, des pans entiers de versants peuvent se déstabiliser."

Depuis 2007, un réseau d'observation permet de recenser tous les écroulements sur les deux tiers du massif du Mont-Blanc: 650 événements de 100 à 45'000 m3 ont ainsi été comptabilisés.

ats/gchi

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Entre 3100 et 3500 mètres d'altitude

La plupart des effondrements de parois se produisent entre 3100 et 3500 mètres d'altitude. "Au-dessus, le permafrost est suffisamment froid pour permettre une stabilité assez bonne", souligne le chercheur.

La chaleur pénètre jusqu'au mois d'octobre ou novembre, voire plus, au coeur de la montagne. Cette année, "dès le début du mois d'août, on était déjà quasiment au niveau de dégel d'un mois d'octobre", souligne le chercheur.

Des écroulements importants sont donc probables dans les prochains mois, quand la chaleur aura atteint sa profondeur maximale

Le sommet Mont-Blanc rétrécit

L'altitude du Mont-Blanc, plus haut sommet d'Europe occidentale, a été mesurée mercredi à 4808,73 mètres, soit 1,3 m de moins qu'il y a deux ans, a annoncé jeudi un membre de l'expédition de géomètres-experts qui l'a évaluée.

En 2013, lors de la dernière campagne de mesure, le sommet des Alpes culminait à 4810,02 mètres.

Plus les précipitations sont fortes et le vent faible, et plus la neige s'accumule en altitude, faisant grossir la calotte glaciaire qui recouvre le pic rocheux (culminant à 4.792 mètres).