Des sociétés chinoises continuent de faire de la publicité pour attirer des clients chinois dans des cliniques suisses, malgré les enquêtes administratives et pénales lancées par les autorités fédérales à l'encontre de cliniques et de médecins.
Pour en savoir plus sur le "Yang Tai Su", un traitement à base de cellules de fœtus de mouton, qui a fait la renommée des cliniques suisses en Chine, la RTS s'est rendue dans une agence basée à Shanghai qui vend de tels traitements.
Un traitement à 60'000 francs
Cette rencontre s'est faite en micro caché, l'agence refusant de parler à des journalistes. Une Chinoise associée à l'enquête s’est faite passer pour une cliente et a enregistré son entretien.
Lors de cet entretien, l'agent explique que le traitement est approuvé par les autorités suisses et que le prix de 60'000 francs comprend aussi le visa touristique, l’hôtel et 2-3 jours de visites sur place.
Clinique romande
Avec un visa touristique, le client chinois est quasiment indétectable pour les autorités suisses.
L'agence donne également à notre cliente le nom et l’adresse exacte de la clinique partenaire. Cette clinique, située en Suisse romande, est un établissement privé haut de gamme. Un espace totalement privatisé avec des chambres et des salles de soins, isolé du reste de l’établissement, accueille la clientèle chinoise.
Mensonge sur les produits
Mais une fois en Suisse, le client se voit proposer un traitement à base de cellules, non pas de mouton, mais de cheval, mélangé à des plantes. La clinique fait signer au client une déposition dans lequel il consent à se faire injecter des cellules de cheval et non de mouton, et ce pour les mêmes vertus anti-âge.
La RTS n'a pas réussi à se procurer le produit: impossible de savoir s'il est fabriqué en Suisse ou importé de l'étranger.
Il existe sur le marché suisse un médicament à base de cellule de cheval, homologué par Swissmedic, mais c'est un suppositoire sans aucun principe anti-vieillissement. Il y a aussi une préparation liquide à base de sérum équin, buvable uniquement, insiste Swissmedic.
L'injection de cellules animales est illégale
Injecter, produire, vendre ou importer des soi-disant médicaments à base de cellules animales est soumis à de très strictes autorisations. En l'état, Swissmedic n’a rien autorisé.
L'institut fédéral de contrôle des médicaments a toufois indiqué à la RTS avoir ouvert une procédure pénale à l'encontre d'un individu produisant des cellules animales dans le même canton où se trouve l’établissement en question, mais Swissmedic a refusé de donner plus de détails.
Raphaël Grand et Marc Menichini