"Ces résultats confirment les recommandations de santé publique actuelles appelant à limiter la consommation de viande", a commenté le Dr Christopher Wild, le directeur du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), à l'origine de l'évaluation. Le porc est inclus dans les viandes rouges au même titre que le boeuf, le veau, l'agneau, le mouton, le cheval et la chèvre.
Le fait de ranger les charcuteries et autres viandes transformées dans le groupe des agents qui sont causes de cancer, comme le tabac ou l'amiante, ne veut pas pour autant dire qu'ils sont tout aussi dangereux, note toutefois le CIRC.
Quelque 34'000 décès par an
En effet, selon les estimations les plus récentes du projet "Fardeau mondial de la maladie", 34'000 décès par cancer par an environ dans le monde sont imputables à une alimentation riche en charcuterie, contre un million de décès par cancer imputables au tabac et 600'000 à la consommation d'alcool.
ats/tmun
Classement établi à partir de 800 études
Le CIRC s'est basé sur plus de 800 études pour ranger la viande transformée, dont fait partie la charcuterie, dans la catégorie des agents "cancérogènes pour l'homme (Groupe 1)". Ce classement a été établi sur la base "d'indications suffisantes selon lesquelles la consommation de viande transformée provoque le cancer colorectal chez l'homme".
"Ce risque augmente avec la quantité", selon le Dr Kurt Straif du CIRC. Concrètement, chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement augmente le risque de cancer colorectal de 18%.
Professionnels de la viande fâchés
L'étude de l'OMS a aussitôt été dénoncée par la filière de la viande, déjà accusée de favoriser le réchauffement climatique. L'évaluation "défie le bon sens", a réagi l'Institut nord américain de la viande (NAMI) qui représente l'interprofession du secteur. Elle souligne que "la science a montré que le cancer est une maladie complexe qui n'est pas provoquée par de simples aliments".
L’Union professionnelle suisse de la viande (UPSV) est du même avis. La viande fait partie d'une alimentation équilibrée, a indiqué son directeur Ruedi Hadorn. Selon lui, cette méta-analyse basée sur des statistiques provenant de nombreuses études différentes ne prouve pas de lien de cause à effet.
"Les Suisses vont certainement continuer à manger du cervelas et de la saucisse de veau".
La faîtière Proviande a exprimé le même avis, jugeant que l'étude est à prendre avec des pincettes. L'avenir est à une consommation modérée, et pas seulement pour la viande, selon elle.