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Les souvenirs liés à la drogue effacés chez des rats accros à la coke

La cocaïne provoque une excitation des neurones qui conduit à des comportements de prise de risque.
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Oublier la drogue / CQFD / 11 min. / le 29 octobre 2015
Il est possible d’effacer du cerveau les souvenirs liés à la consommation de drogues pour prévenir les rechutes. C’est ce qu'ont démontré des chercheurs du Centre de neurosciences psychiatriques du CHUV.

Un problème essentiel dans le traitement de la toxicomanie reste le risque élevé de rechute. En bloquant la mémorisation à long terme d'une expérience positive de consommation de drogues, le chercheur Benjamin Boutrel, interviewé jeudi dans l'émission CQFD, espère aider des personnes qui manifestent une volonté d'arrêter.

A l'aide de rats accros à la cocaïne, son équipe de recherche au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), à Lausanne, a pu identifier un mécanisme de mémorisation encore inconnu qui permet aux neurones de garder une trace de façon pérenne dans le cerveau.

Lactate et mémoire

En parvenant à bloquer la transmission de lactate entre les astrocytes, des cellules qui entourent et nourrissent les neurones, et les neurones eux-mêmes, les chercheurs sont parvenus à effacer durablement la mémoire de la drogue chez les rats. Car effacer un souvenir, c'est effacer un contexte.

"Si je généralise, le problème de l'addiction lié au souvenir, c'est par exemple lorsque vous voyez passer un collègue et que vous savez qu'il se dirige vers la sortie pour fumer une cigarette. Cela active alors le souvenir d'une expérience agréable qui vous donne envie de recommencer".

Il s'agit donc de supprimer le lien que fait le cerveau entre un environnement particulier et l'envie de consommer. "L'idée est de pouvoir soulager la pression que vivent des personnes dépendantes, en réduisant l'étincelle du souvenir qui les pousse à recommencer", a expliqué le chercheur sur les ondes de la RTS.

Applicable au tabac ou à l'alcool?

La découverte du mécanisme pourrait aussi être utile pour d'autres substances comme le tabac ou l'alcool mais il est encore trop tôt pour le dire.

Les conclusions des chercheurs, publiées récemment dans la revue Molecular Psychiatry, restent théoriques. L'application à l'homme ou à d'autres addictions, est délicate, d'autant que la psychologie et la dépendance affective viennent compliquer les choses chez l'humain.

sbad

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