Modifié

Charcuterie et viande cancérogènes: que risquent vraiment les Suisses?

Viande je t’aime moi non plus
Viande je t’aime moi non plus / Mise au point / 14 min. / le 8 novembre 2015
Plusieurs affirmations ont circulé en Suisse après la publication par l'OMS d'un rapport déclarant la charcuterie "cancérogène". La RTS démêle le vrai du faux et se penche sur les habitudes de consommation au pays du cervelas. Alors info ou intox?

1. "Plus on mange de charcuterie, plus le risque de cancer augmente"

Vrai.

C'est la principale conclusion du rapport publié le 26 octobre par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), une agence spécialisée créée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La charcuterie et différentes viandes transformées y sont définies comme "cancérogènes". Parmi les viandes rouges figurent le porc, au même titre que le boeuf, l'agneau, le mouton, le cheval ou la chèvre.

La consommation de tels aliments a donc des effets sur le corps, notamment au niveau du colon et du rectum. Il peut néanmoins aussi avoir un impact sur le pancréas et la prostate. Selon le Circ, chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement accroîtrait le risque de cancer colorectal de 18%. Un chiffre à relativiser, selon plusieurs experts.

Le cancer du colon est un cancer multifactoriel

Dr Joakim Delarive, gastro-entérologue

Joakim Delarive, gastro-entérologue, rappelle pour sa part que "le cancer du colon est un cancer multifactoriel". "L'alimentation est un élément de risque, mais ce n'est qu'un parmi d'autres", a-t-il nuancé au 19h30.

Le facteur génétique, le tabagisme, la sédentarité influencent également la probabilité de développer un tel cancer. Et de souligner: "L'essentiel est de privilégier une bonne hygiène de vie".

OMS - Charcuterie: les explications de Joakim Delarive, Gastro-entérologue
OMS / Charcuterie: les explications de Joakim Delarive, Gastro-entérologue / 19h30 / 2 min. / le 26 octobre 2015

2. "La saucisse aussi nocive que la clope"

Faux.

Cette affirmation publiée par un média romand induit en erreur. Cause possible de cancer au même titre que l'alcool, le tabac et l'amiante, la charcuterie est à l'origine de 34'000 décès par an dans le monde, selon le rapport publié par le Circ. A titre comparatif, 600'000 décès sont imputables à la consommation d'alcool et un million au tabac (Lire: Le tabac reste la première cause de mortalité évitable en Suisse).

En résumé, pour limiter le risque de cancer, mieux vaut arrêter de fumer et continuer à manger du saucisson, comme le soulignait l'oncologue Arnaud Roth, professeur responsable de l'unité des tumeurs digestives aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), interrogé dans l'émission CQFD, à écouter ci-dessous:

Le boeuf argentin ne s'exporte plus comme avant... [Miguel Mendez]Miguel Mendez
Charcuterie et viande cancérogènes  / CQFD / 11 min. / le 27 octobre 2015

3. "Les Suisses mangent beaucoup de viande"

Faux.

Avec 52,4 kilos de viande consommés en moyenne par habitant, soit un kilo par semaine, les Suisses ont confirmé en 2014 leur statut de carnivores modérés sur le plan international.

A titre comparatif, la consommation de viande par habitant était en moyenne de 76,1 kg par habitant dans les pays développés l'an dernier, selon des estimations de la FAO. Sur le plan mondial, elle s'élève à 42,9 kg par an et par habitant. Un chiffre relativement stable au regard des dernières années.

Les Suisses, des carnivores modérés. [RTS]
Les Suisses, des carnivores modérés. [RTS]

4. "Le poulet a toujours plus la cote"

Vrai.

Si la quantité de viande consommée en Suisse n'a guère évolué au cours des dernières années, des changements de comportements sont relevés par Proviande. Ainsi, la volaille, jugée plus saine, est de plus en plus prisée alors que la sensibilité au prix fait reculer la consommation de veau. Le porc reste toutefois la viande préférée des Helvètes avec plus de 23 kg par an et par personne.

Dans une étude publiée en 2012, on constate déjà que seuls 27% des personnes interrogées jugeaient les saucisses saines. Ce qui laisse penser qu'au pays du cervelas, les risques pointés du doigt par l'OMS étaient si ce n'est connus au moins pressentis.

Juliette Galeazzi

Publié Modifié