Surfer sur internet, s'informer via son smartphone ou consulter ses emails, des gestes qui sont devenus quotidiens en seulement quelques années. En apparence, le web est un monde virtuel et dématérialisé. Pourtant, internet est aussi un gigantesque consommateur d'électricité. Réseaux et serveurs des data-centres de la planète engloutiraient autant que l'aviation civile, c'est-à-dire près de 2% de la consommation énergétique mondiale, selon une étude de l'Université de Dresde, en Allemagne.
Les data-centres: autant que 300'000 ménages
En Suisse, les services liés à internet consomment 7,8% de l’électricité, selon un rapport du Conseil fédéral publié en août dernier. Au coeur du réseau: les data centres, qui abritent des milliers de serveurs, stockent et servent de relais aux informations numériques. Ils absorbent à eux seuls près de 2% de cette énergie chaque année, 1104 GWh, soit l'équivalent de la consommation électrique du canton de Neuchâtel.
A titre de comparaison, un ménage consomme entre 3000 et 4000 kWh. Les data centres consomment ainsi l'équivalent de plus de 300'000 ménages.
Pour tenter de réduire la facture, certains font des efforts. Les serveurs dernières générations peuvent désormais fonctionner à des températures élevées. Ainsi, comme dans ce nouveau data-centre appartenant à Infomaniak, visité par Mise au Point, plus besoin de climatisation. "Cela nous permet d'économiser 40% d'énergie sur le site", explique le directeur d'Infomaniak, qui assure également n'utiliser que des énergies renouvelables.
Quand on dit internet, on ne pense pas au charbon... C'est ici que le nuage - le cloud - devient réalité
Ce cas est celui d'un bon élève qui reste exceptionnel dans le monde des géants du web américains comme Facebook et Google. Car c'est aux Etats-Unis que se trouvent la majorité des data-centres de la planète pour la plupart alimentés... par des centrales à charbon, à gaz ou du nucléaire.
Problème: le système est opaque. Aucune législation n'oblige les fournisseurs internet à être plus efficient en utilisant des énergies renouvelables. Ni aux Etats-Unis, ni en Suisse. La Genevoise Lisa Mazzone, conseillère nationale verte, estime qu'il y a un effort d'information très important à faire au niveau du public.
Chaque fois qu'on conserve des données en ligne, il faut se rappeler qu'il y a besoin de les stocker et de les refroidir constamment.
Utiliser un moteur de recherche vert, vider sa boîte mail ou éviter les pièces jointes, la benjamine du Parlement livre quelques-uns de ses trucs pour surfer plus écolo (lire encadré).
Les emails dévoreurs
Un mail peut faire deux à trois fois le tour de la terre avant d'arriver à son destinataire.
"Un mail peut faire deux à trois fois le tour de la Terre avant d'arriver à son destinataire en moins d'une seconde", explique Alain Anglade, ingénieur à l'Ademe, une agence gouvernementale française pour la protection de l'environnement. Avec l'ajout d'une pièce jointe d'environ 1 mega, l'envoi d'un email génère la consommation d'une ampoule de 25W durant une heure, selon ses calculs.
En sachant qu'en moyenne 8 milliards et demi d'emails sont envoyés chaque heure dans le monde - sans compter les spams - le compteur s'affole.
En 2040, on estime à 500 milliards le nombre d'appareils qui seront connectés à internet. Ils consommeront autant d'énergie que celle consommée par toute l'humanité en 2008.
Gilles Clémençon/Mélanie Ohayon et Sophie Badoux
Les trucs pour consommer moins en surfant
Des petits gestes peuvent permettre simplement à tout un chacun de réduire la consommation d'énergie liée à internet.
- éviter de conserver tous ses documents en ligne dans des clouds. Ces données en ligne sont stockées dans des serveurs qui utilisent énormément d'énergie et ont besoin d'être refroidis. "Eteindre" les services que l'on utilise plus, comme on le fait avec la lumière en quittant une pièce.
- vider sa boîte mail régulièrement, ce qui contribue à éviter de stocker trop de données en ligne. A noter qu'envoyer un e-mail en passant par le réseau téléphonique consomme environ 50% d'énergie en plus qu'en passant par le wifi. Les smartphones consomment toutefois 40 fois moins d'énergie qu'un ordinateur de bureau.
- ne pas surcharger de pièces jointes lourdes ses e-mails. En réduire la taille en les compressant avant l'envoi.
- utiliser des navigateurs internet peu gourmand en énergie. Firefox, internet explorer et safari pour Mac consomment moins que Google Chrome.
- utiliser un moteur de recherche écolo. La Verte Lisa Mazzone utilise le moteur de recherche Ecosia "qui se vante de planter des arbres". Grâce aux publicités, Ecosia récolte en effet quelques centimes d'euros par recherche effectuée sur sa page. Un montant qui atteint entre 40 et 50'000 francs chaque mois, que la société investit pour soutenir un programme de plantation d'arbres au Burkina Faso, a expliqué son fondateur Christian Kroll à Mise au Point. Il existe également des moteurs de recherches se basant sur Google mais qui permettent de consommer moins d'énergie en affichant les résultats sur fonds noir comme ecocherche.org.