Modifié

L'accord de Paris est "une prouesse qui offre de l'espoir pour la planète"

Jacques Mirenowicz, rédacteur en chef de la "Revue durable". [Caroline Dumoulin]
Jacques Mirenowicz, rédacteur en chef de la "Revue Durable" / L'invité de la rédaction / 20 min. / le 14 décembre 2015
L'accord issu de la COP21 ne permet même pas de limiter à 3 degrés la hausse des températures, néanmoins "il offre une marge de manoeuvre", selon le journaliste spécialisé Jacques Mirenowicz.

"Insatisfaisant, bancal, probablement irréalisable": l'expert a eu des mots durs pour décrire les défauts de l'accord. Néanmoins, le texte apporte "quelque chose de réconfortant", a confié le rédacteur en chef de la Revue Durable, invité lundi sur La Première.

"On a réussi à mettre d'accord 195 pays qui avaient des intérêts divergents", s'est exclamé le journaliste. "Les conditions n'étaient pas favorables à un bon accord", a-t-il souligné en rappelant qu'aucun gouvernement ni parlement, à commencer par la Suisse, ne soutient activement la transition énergétique.

Jacques Mirenowicz a salué la bonne gestion de la conférence, tant au niveau de la structure que de la méthode: "tout le monde a trouvé sa place", même la société civile et les îles du Pacifique.

David contre Goliath

Limiter la hausse des températures à 1,5 degré - et non 2 degrés comme c'était prévu initialement - a constitué "la surprise" de la COP21, a relevé le journaliste. Les petits pays du Pacifique ont su imposer cette référence à des géants comme l'Inde et la Chine, a-t-il souligné.

"En annonçant que  '2 degrés, c'est déjà trop', cet accord est important non seulement sur le plan symbolique, mais aussi pédagogique", s'est réjoui Jacques Mirenowicz.

Peu réalisable

Reste que la barre des 1,5 degré aurait dû être fixée à Copenhague en 2009, selon lui. Cet objectif ne sera probablement pas réalisable. "Ce qui est prévu dans l'accord ne permet même pas de respecter la frontière de 3 degrés", a-t-il ajouté.

Pour Jacques Mirenowicz, il faut sortir la tête du sable. "En 23 ans de négociations, depuis le Sommet de la Terre à Rio, on ne parle que de l'utilisation des énergies fossiles, et non de la production", a-t-il déploré. L'ensemble du secteur reçoit pour 9 millions d'euros de subvention par minute, a-t-il souligné.

"Si on veut respecter la frontière de 2 degrés, il faut laisser sous terre 80% du charbon, 50% du pétrole et 30% du gaz", a-t-il rappelé.

"S'organiser autrement"

Les deux principaux enjeux sont les transports et le chauffage. Tout en croyant en l'apparition de technologies plus propres, Jacques Mirenowicz a appelé à "s'organiser autrement".

Ne pas prendre l'avion, voyager en train ou en bateau ou même passer ses vacances dans les environs, "ce n'est pas problématique à partir du moment où on a compris que c'est extrêmement bénéfique pour soi-même, les autres et l'avenir", a conclu l'expert, qui n'a pas pris l'avion depuis 2001.

>> Lire : Ferveur chez les chefs d'Etat après l'adoption de l'accord sur le climat

bri

Publié Modifié