"La société doit se doter d'un plan stratégique par rapport à la transformation digitale", affirme Jean-Henry Morin, professeur associé en systèmes d'information à l'Université de Genève, en marge de la conférence Lift sur l'innovation et les nouvelles technologies.
Le numérique induit en effet des transformations dans tous les domaines de la société - économie, santé, social, sciences, urbanisme, mobilité, finances - explique l'expert. "Il faut donc des débats pour définir dans quel type de société on veut vivre. C'est ce qu'on appelle l'agenda numérique."
La Suisse bien notée, un leurre?
Il faut ensuite incarner cet agenda, par une responsabilité politique, "ce qui n'est pas le cas en Suisse."
Si la Suisse est souvent classée numéro un au niveau de l'innovation, elle l'est en partie par des rankings qui ne s'appuient pas sur les bons éléments dans leur appréciation, estime le spécialiste. Selon lui, la branche pharmaceutique, très importante, biaise ces classements.
Les initiatives privées doivent être accompagnées par un cadre politique
Aujourd'hui, en l'absence d'une politique publique sur la question, la société civile s'organise au travers de mouvements associatifs. "Mais cela ne suffira pas: il faut que le cadre de la politique publique accompagne ces initiatives."
En cause, pour expliquer ce retard, "une certaine culture de l'investissement propre à la Suisse", tablant sur un maximum de sécurité. Jean-Henry Morin en appelle dès lors à une "prise de responsabilité", par exemple avec la création d'un secrétariat d'Etat au numérique au niveau fédéral.
kkub