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Une tenue efficace contre les épidémies mise au point en Suisse

L'EPFL a mis au point une tenue de protection contre Ebola et les futures épidémies.
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Une tenue contre les épidémies / CQFD / 11 min. / le 20 avril 2016
L'EPFL, en collaboration avec les HUG et l'Université de Genève, a créé une tenue de protection contre Ebola et de futures épidémies. Elle est particulièrement adaptée aux climats comme celui de l'Afrique de l'Ouest.

Du personnel soignant utilisant des combinaisons jetables, des lunettes de plongée et des bottes de pêche; un matériel long à vêtir et ôter, supportable au maximum pendant une heure de temps: l'épidémie d’Ebola a prouvé qu'il n’existait pas une tenue de protection efficace et adaptée au climat d'Afrique de l'Ouest.

Très large collaboration

Il fallait donc repenser ce matériel, un travail dont s'est chargé le Centre coopération et développement (CODEV) de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Il a supervisé le travail de plusieurs chercheurs, à l'EPFL et aux Hôpitaux universitaires de Genève mais aussi au Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA) et chez Médecins Sans Frontières - une ONG qui a une expertise de terrain inégalée.

Le résultat - une toute nouvelle tenue de protection - a été présenté mardi lors du 6e Geneva Health Forum, qui se tient jusqu'à jeudi à Genève.

"Etant donné qu'on veut une protection biologique maximum, il faut un tissu imperméable. Mais on a très vite très chaud dedans", explique Matthieu Gani qui a piloté le projet depuis l'EPFL. C'est pourquoi la tenue a été munie d'un ventilateur. Les bottes et les gants ne sont pas intégrés, il s'agit de matériel classique pour des raisons pratiques.

De gros avantages sur la tenue actuelle

"Le premier avantage est qu'elle est réutilisable. Cela simplifie beaucoup la logistique", poursuit Matthieu Gani. "Le deuxième est qu'elle est intégrée. On a une seule combinaison alors que la tenue actuelle comprend la combinaison, la cagoule, le masque, les lunettes, le tablier, etc… Cela simplifie beaucoup les procédures d'habillage et de déshabillage et donc cela réduit les risques de contamination. Le troisième aspect est la ventilation, qui permet de tenir beaucoup plus longtemps, des durées de travail de quatre heures au lieu d'une heure."

Ces progrès changeraient complètement la donne pour les soignants qui pourraient prodiguer des soins de bien meilleure qualité, poursuit le scientifique. Au niveau de la logistique, cela simplifierait toute la chaîne d'approvisionnement et de destruction des déchets."

Efficace aussi contre de possibles nouveaux virus

Manuel Schibler, médecin infectiologue au laboratoire de virologie des HUG qui a été sur le terrain au Liberia pendant l'épidémie avec les combinaisons actuelles, souligne que cette nouvelle tenue de protection est prévue pour tous les types de contaminations à la fois directes et aériennes, "ce qui permettra éventuellement à l'avenir de se protéger contre de nouveaux virus qui auraient les deux modes de transmission."

Il s'agit pour l'heure d'un prototype et la ventilation n'est pas encore au point. Il y a encore un important travail de recherche et de développement à faire à son sujet à l'EPFL, notamment pour la miniaturiser.

Quatre fois moins chère au final

L'objectif visé en matière de prix est de l'ordre de 250 francs par pièce, soit un prix d'achat dix fois plus élevé que la combinaison actuelle. Mais compte-tenu de sa réutilisation (100 fois), son prix de revient final devrait être quatre fois moins cher.

Il faudra sans doute entre un an et demi et deux ans pour avoir une tenue prête à être opérationnelle.

Adrien Zerbini/oang

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