"Le nombre de 700 études retirées, n'est pas énorme en soi, puisque cela représente 0,2% des études publiées annuellement. Ce qui impressionne, c'est l'augmentation du nombre", selon Ivan Oransky, cofondateur en 2010 du site Retraction Watch, qui traque tous les retraits scientifiques.
Invité au micro de la RTS à l'occasion de sa visite en Suisse, ce journaliste scientifique précise que le nombre de retraits publiés entre 2001 et 2010 est passé de 40 à 400, soit dix fois plus, alors que le nombre total de publications n'a pas augmenté d'autant.
Le problème, note Ivan Oransky, est que les retraits ou les notes qui les accompagnent ne donnent aucun détail sur le fond de l'affaire. Pire, "elles sont parfois fausses, donnant l'impression qu'il s'agit d'une erreur de bonne foi alors qu'on se trouve face à une fraude". Lorsqu'un éditeur décide de retirer l'étude, l'article reste accessible en ligne, affublé de la mention "retiré".
L'équipe de Retraction Watch ne se contente donc pas seulement de recenser les retraits scientifiques, elle enquête aussi sur les dessous des affaires qui apparaissent sur son radar.
Deux tiers sont des fraudes
Les papiers peuvent être retirés pour plusieurs raisons: une erreur de bonne foi de l'auteur ou des problèmes de droit. Mais dans les deux tiers des cas, l'origine est frauduleuse, selon Retraction Watch: données enjolivées, voire complètement inventées, images manipulées, plagiat ou encore manipulation du système de relecture par un pair.
Pour ce dernier cas, le journaliste évoque la possibilité de demander à un ami chercheur, ou de s'inventer soi-même comme étant le relecteur d'une étude.
Le fraudeur ne risque pas grand-chose
Le coupable ne risque pas grand-chose. De rares personnes ont fini en prison, comme Scott Reuben surnommé "le Dr Madoff de la pharmacie", avec des médicaments qui avaient dû être retirés du marché.
La sentence peut être le licenciement ou la disgrâce. Mais la plupart des auteurs retirés ont toujours pignon sur rue et continuent de publier, relève le journaliste.
C'est dans le domaine de l'anesthésie que l'on retrouve les fraudeurs les plus spectaculaires. Le vainqueur est un Japonais, qui cumule 183 études retirées. A noter qu'il n'y a que trois femmes dans le top 30 des auteurs les plus retirés.
fme