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La libéralisation du dopage "dénaturerait complètement le sport"

Fabien Ohl, professeur à l'Institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne. [Unil]
La question de la légalisation du dopage ressurgit à l'approche de la fin des JO / Le Journal du matin / 9 min. / le 18 août 2016
Les JO de Rio ont été marqués par des contrôles antidopage de grande envergure, effectués dans la plus grande discrétion. Pour Fabien Ohl, professeur à l'Université de Lausanne, la libéralisation du dopage n'est pas la solution.

Plus de 6000 contrôles ont été effectués à Rio, après le scandale russe révélé par le rapport Mc Laren, le comité international olympique pouvait difficilement en faire moins.

"L'antidopage par rapport aux années 1970-1980 a avancé", relève sur les ondes de La Première Fabien Ohl, professeur à l'institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne. "Mais on a une espèce de contraste entre la mauvaise gouvernance actuelle et tous les efforts qui ont été faits pendant des années dans l'antidopage."

"Derrière ça, vous avez des enjeux géopolitiques, le softpower de la Russie qui essaie de s'imposer à travers les Jeux et vous avez en interne dans les organisations sportives des rapports de pouvoir, car il faut se faire élire et ne pas se mettre à dos trop de monde."

"Une course aux armements dans le sport"

Pour résoudre cette situation, pourquoi ne pas légaliser le dopage pour que ce qui est admis dans la vie de tous les jours le soit aussi dans le monde sportif? "Théoriquement, c'est une bonne idée", admet Fabien Ohl. "Simplement le sport est un secteur très différent. Si vous prenez du cannabis ou de la cocaïne, vous n'allez pas être riche ni célèbre. Dans le sport, au contraire, une performance peut vous rendre riche et célèbre!"

"Une libéralisation donnerait une course aux armements dans le sport et ça le dénaturerait complètement. Déjà avec une loi assez stricte, on assiste à des dérives importantes. En libéralisant complètement, ça serait, je pense, juste dramatique dans ce que prendraient les sportifs."

Moral ou réalité physiologique?

Le curseur entre les soins et les produits améliorant les performances sportives n'est pas évident à positionner. La frontière se situe souvent entre moral et réalité physiologique.

"C'est un mélange des deux. Je prends l'exemple du cannabis, qui est sur la liste, et qui est plutôt dans l'image dominante une drogue sociale. Beaucoup de gens qui se font prendre en consommant du cannabis subissent des sanctions antidopage, alors que l'usage qu'ils en font n'est généralement pas pour une amélioration des performances."

RTSinfo/lgr

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