Implanter une puce n'est pas nouveau, on le fait depuis longtemps sur des animaux pour les identifier. Mais cette pratique est désormais en vogue au sein de la communauté des biohackers.
L'équipe de Mise au Point est allée à Stockholm, en Suède, pour rencontrer des adeptes du transhumanisme, un mouvement qui prône l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer les êtres humains.
A l'image de Hannes Sjöblad, l'un des tout premiers hommes-robots. Avec une puce implantée entre son pouce et son index, il a piraté son corps pour augmenter ses capacités.
"Implant Party"
Grâce à cette puce, Hannes Sjöblad peut ouvrir des portes rien qu'en effleurant le verrou. Il y a associé son abonnement à la salle de sport, sa carte de visite, son badge pour accéder au bureau, sa carte de fidélité dans son magasin préféré et de quoi déverrouiller son téléphone.
Si l'être humain veut rester important, il doit évoluer avec l'intelligence artificielle et fusionner avec la technologie. Sans quoi, nous risquons de finir comme des singes au zoo.
Plusieurs fois par an, il organise des "Implant Party". Durant ces soirées, une dizaine de personnes passent sur le billard pour se faire implanter, en quelques secondes, une puce électronique de la taille d'un grain de riz.
Du marketing à la médecine
Plusieurs grandes sociétés ont signalé leur intérêt pour cette technologie dans un but de marketing ou pour faciliter leur quotidien, comme l'aéroport de Stockholm, qui pourrait remplacer les billets d'avions.
Les biohackers poussent plus loin les perspectives dans des domaines plus controversés. Hannes Sjöblad imagine par exemple des implants dans le cerveau, qui donneraient accès à toutes les pages de Wikipedia en un instant.
Aux Etats-Unis, un homme tétraplégique teste actuellement une puce implantée dans le cerveau, qui lui permet d'activer à distance un bras électronique: "Il me suffit de fermer les yeux et de penser au geste que je veux faire et le bras s'active".
Protection des données
Selon les biohackers suédois, plusieurs centaines de personnes portent déjà des puces dans le pays. Elles seraient 10'000 dans le monde entier. Un cauchemar pour les spécialistes de la protection des données.
On ne peut pas s'empêcher de penser que cela va contribuer au développement de sociétés de type Big Brother.
"Le traçage qui est possible avec ces technologies pourrait permettre à des agences gouvernementales ou à des grandes compagnies de surveiller les individus, ce qui à terme, aura des conséquences très sérieuses sur notre autonomie", craint Liane Colonna, chercheuse spécialisée dans la sécurité des informations.
Quant à l'entreprise qui fabrique ces puces, elle va bientôt commercialiser un kit qui permettra de se l'implanter soi-même. Pour 100 dollars, n'importe qui pourra devenir un biohacker.