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Le boom des émissions de méthane menace le climat

La fin du système européen de quotas de production et la chute des exportations vers la Russie ont mis le prix du lait sous pression. [AFP - Philippe Huguen]
Interview de Mathilde Abel, chercheuse au laboratoire de recherche appliquée en géopolitique Lépac / Forum / 6 min. / le 12 décembre 2016
La flambée depuis dix ans des émissions de méthane, un gaz à effet de serre plus nocif pour le climat que le CO2, risque de compromettre la lutte contre le réchauffement, mettent en garde des experts.

"Il faut de toute urgence s'attacher à quantifier et réduire les émissions de méthane", plaident dans un éditorial, publié lundi, ces chercheurs qui ont coordonné un bilan mondial mené par plus de 80 scientifiques de 15 pays.

Après un léger ralentissement entre 2000 et 2006, la concentration de méthane dans l'atmosphère a crû dix fois plus rapidement la décennie suivante, relève l'étude parue dans le journal Earth System Science Data.

Énergies fossiles et activité agricole

"Contenir le réchauffement sous 2°C est déjà un défi considérable," soulignent ces chercheurs dans le bulletin Environmental Research Letters, à propos de l'objectif que la communauté internationale s'est fixé fin 2015 à Paris.

"Un tel objectif deviendra de plus en plus difficile à tenir si l'on ne réduit pas les émissions de méthane fortement et rapidement", ajoutent-ils.

Résultat de l'exploitation des énergies fossiles ou plus probablement de l'activité agricole... Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses pour tenter d'expliquer cet emballement.

afp/fb

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"Scénario le plus pessimiste"

Les concentrations augmentent de plus en plus vite depuis 2007, avec en particulier une forte accélération en 2014 et 2015.

Au point qu'aucun scénario moyen du dernier rapport du Giec, synthèse de référence sur le climat, ne montrait cette évolution.

"De façon inquiétante, la vitesse d'augmentation se rapproche du scénario le plus pessimiste", souligne Marielle Saunois, de l'Université de Versailles Saint Quentin (UVSQ).

28 fois plus "réchauffant"

Deuxième grand gaz à effet de serre lié aux activités humaines, après le dioxyde de carbone (CO2), le méthane contribue pour quelque 20% au réchauffement en cours.

Jusqu'ici les mesures contre le réchauffement se sont largement concentrées sur le CO2, issu pour une large part des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), et qui représente 70% des gaz à effet de serre.

Or, le méthane est 28 fois plus "réchauffant" que le CO2 -- tout en persistant moins longtemps dans l'air (environ 10 ans).