Ces vêtements devraient permettre de déjouer les algorithmes grâce à leurs imprimés. Concrètement, ces habits auront des motifs complexes, comme de nombreux petits cubes disséminés de manière irrégulière. On distinguera également l'ébauche d'un sourire, d'un regard. Mais la complexité de ces motifs devrait surcharger les algorithmes. Et les machines, dépassées, saturées d'informations, seront alors incapables d'identifier le visage de celui qui porte ces vêtements.
Adam Harvey n'en est pas à son premier coup d'essai. Il avait déjà travaillé avec des coiffures et des maquillages pour déjouer la surveillance croissante dans les lieux publics.
Lutter contre les bases de données
Mais la commercialisation de ces vêtements va bien au-delà d'un effet de mode, a estimé Arnaud Dufour, chargé de cours de marketing digital à l'Université de Lausanne, interrogé dans le Journal du matin.
"Cela reflète une peur tout à fait contemporaine et un désir plus ancien qu'on peut rapprocher de la cape d'invisibilité. Or, on vit aujourd'hui dans un monde où il devient de plus en plus impossible de se cacher."
A leur manière et en tant que produits artistiques, ces t-shirts ne serviront pas qu'à tromper la reconnaissance faciale. Ils serviront aussi à lutter contre la construction, par les groupes technologiques, de gigantesques bases de données. Des bases de données dont le public ne sait pas toujours à quelles fins elles sont utilisées.
Katja Schaer/lan