Aujourd’hui, ces méthodes restent marginales mais elles prennent de l’ampleur. Elles changent fondamentalement la manière d’enseigner les langues aux plus petits, à l'instar de Kokora Lingua, qui termine sa phase de test dans une école privée de Neuchâtel, ou du projet PRIMA de l'école publique neuchâteloise.
Deux exemples à Neuchâtel
Basée sur de courtes vidéos, la méthode Kokoro Lingua, destinée aux enfants de 3 à 7 ans, a été expérimentée par 250 élèves. "Ce n’est pas basé sur l’apprentissage, c’est justement cette légèreté qui rend enthousiaste parce qu’il n’y a pas de restitution attendue", estime Rachel Monnin Gacoud, enseignante à l'école catholique de Neuchâtel.
Selon Nathalie Lesselin, fondatrice de Kokoro Lingua, pour mieux mémoriser une langue, l’apprentissage doit être lié à une émotion ou à une intuition. Des études en neurosciences ont d'ailleurs montré que le cerveau de l’enfant apprend différemment de celui de l'adulte. L’apprentissage est implicite, on n’est pas conscient qu'on est en train d’apprendre.
Le projet-pilote PRIMA, lancé en 2011-2012, concerne quant à lui 500 élèves. Il a été récompensé par le Prix du fédéralisme 2016. Les enfants suivent des cours en allemand depuis la première année Harmos. Au début, un cours sur deux est dispensé dans la langue de Goethe, puis un sur quatre plus tard dans le cursus.
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Faire mieux sans dépenser davantage
Ces nouvelles méthodes montrent que l'on pourrait faire beaucoup mieux en termes d'apprentissage des langues avec la même enveloppe budgétaire, juge le linguiste Laurent Gajo, directeur de l'Ecole de langue et de civilisation françaises de l’Université de Genève.
Pour lui, l’apprentissage de plusieurs langues durant l’enfance peut occasionner quelques retards temporaires, mais qui seront largement rattrapés ultérieurement. Laurent Gajo rappelle que dans le monde, le bilinguisme est la norme, pas le monolinguisme.
Julien Chiffelle/Didier Kottelat