"Les eaux usées représentent une ressource précieuse dans un monde où l'eau douce disponible est limitée et la demande en hausse", estime Guy Rider, président de l'ONU-eau, à l'occasion de la journée mondiale de l'eau le 22 mars.
D'ici 2030, la demande pour les ressources en eau pourrait croître de 50%, surtout dans les villes.
"Concrètement, le traitement des eaux usées génère de nouvelles ressources en eau", résume Richard Connor, le rédacteur en chef du rapport "Les eaux usées, une ressource inexploitée", publié par ONU-eau et l'Unesco.
80% des eaux rejetées sans traitement
"Or, l'intérêt des décideurs s'est jusqu'ici porté avant tout sur l'approvisionnement en eau plutôt que sur sa gestion après son utilisation", déplore l'Unesco, pour qui "les deux aspects sont indissociables".
Le chantier est gigantesque: 80% des eaux usées dans le monde sont rejetées sans traitement - plus de 90% dans certains pays - ce qui aboutit à répandre dans la nature bactéries, nitrates, solvants chimiques et médicaments.
afp/fb
Principal objectif, l'agriculture
L'objectif principal et plus facilement atteignable est que l'eau traitée soit utilisable en agriculture, qui représente environ 70% de la demande mondiale de cette ressource.
Avec 10% des terres irriguées dans le monde de cette manière, la marge de progression est énorme. Les besoins de ce secteur sont ainsi satisfaits en puisant moins dans les nappes phréatiques.
Dans cette voie, la Jordanie a été un précurseur dès la fin des années 70 (90% des eaux traitées sont destinées à l'agriculture). Israël est en pointe avec près de 50% des terres cultivées arrosées avec de l'eau recyclée.
Gisement de matières premières
Au-delà de leur réutilisation, le rapport met en avant le gisement de matières premières (phosphore et azote) et de biogaz que représentent les eaux usées, et le revenu potentiel qui peut en être tiré.
La ville d'Osaka produit ainsi chaque année 6.500 tonnes de carburant solide à partir de 43.000 tonnes de boues d'épuration. Et le Japon vise 30% d'énergie à partir des eaux usées d'ici à 2020.
En Suisse, les phosphates vendus doivent comporter 1% de produit récupéré par traitement des eaux.