Parti de son expérience personnelle de gros fumeur conquis par le vapotage, le réalisateur Jan Kounen livre avec "Vape wave", diffusé lundi à 20h35 sur RTS Deux (à revoir ci-dessus jusqu'au 20 juin), une immersion rare dans l'univers de la cigarette électronique, au ton résolument engagé et à la forme joyeusement décalée.
"Médicalement, il y a une vraie réduction des risques: il vaut mieux prendre de la vapeur que fumer du tabac", rappelle Jan Kounen dans une interview à Couleur 3. Pourtant, le monde de la cigarette électronique est -après des années d'effervescence - confronté à des normes de plus en plus strictes qui participent, estime le réalisateur, à une volonté de nuire à "une solution qui marche".
Les utilisateurs ont trouvé une solution qui va les aider à quitter le monde du tabac, ça dérange
"La cigarette est le problème de santé publique numéro un. C'est une cause de mort évitable et on n'arrive pas à l'éradiquer. Or, pour la première fois, les utilisateurs trouvent une solution, développent un système qui va les aider à quitter le monde du tabac, ce n'est pas l'industrie pharmaceutique. Alors ça dérange", précise celui dont le film a été financé de manière participative (par "crowdfunding").
Mieux vaut vapoter que fumer
Pas facile donc de s'y retrouver dans la foison d'informations contradictoires à disposition et ce d'autant que les dispositions prises varient selon les pays.
En Suisse, d'un point de vue médical, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) reconnaît que la cigarette électronique est nettement moins nocive que la cigarette traditionnelle. Elle n'est toutefois pas sans risque, précisent les autorités sanitaires qui mettent en garde contre les substances nocives relâchées lorsque le produit est vaporisé.
Le propylène glycol et la glycérine, contenues dans les liquides, se transforment sous l'effet de la chaleur en des substances à la fois irritantes et dont certaines sont considérées comme cancérigènes
En raison du manque de recul et d'études sur l'effet du produit à long terme, le professeur Jacques Cornuz déconseille aux non-fumeurs de commencer la vaporette. "En revanche, pour les fumeurs qui ne veulent pas arrêter, on recommande de passer au vapotage", précise dans l'émission On en parle de la RTS celui qui est aussi responsable de la consultation stop tabac à la Polyclinique médicale universitaire (PMU) et au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
Cette position, calquée sur le modèle britannique, repose sur une étude du King's College de Londres qui a démontré que la cigarette électronique est à 95% moins nocive que le tabac. Elle est partagée par l'OFSP qui précise toutefois qu'"il faut arrêter complètement de fumer des cigarettes traditionnelles pour réduire les risques".
Quid de la loi en Suisse?
Malgré ce constat, en Suisse, les cigarettes électroniques avec nicotine restent interdites. Et la situation ne devrait pas changer avant 2020 - dans la perspective la plus optimiste - et l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les produits du tabac qui prévoit d'aligner les règles du vapotage sur celles en vigueur pour les cigarettes.
Cette nouvelle loi, qui doit encore passer devant le Parlement, devrait également régler la question de la fumée passive. "Le vapotage passif, possiblement existe", souligne le professeur Jacques Cornuz, qui met en garde contre les cigarettes électroniques de 3e et 4e génération qui produisent davantage de fumée.
Pour lui, la cigarette électronique devrait être interdite dans les lieux publics aussi longtemps qu'aucune preuve n'existe sur l'inocuité du vapotage passif. En France, où les liquides avec nicotine sont vendus librement, le vapotage sera banni des lieux publics dès le 1er octobre.
Juliette Galeazzi