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L'Homo sapiens serait 100'000 ans plus vieux que ce que l'on pensait

Le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin (d.) et Abdelouahed Ben-Ncer de l'Institut national d'archéologie du Maroc posent avec certains des restes humains retrouvés à Jebel Irhoud, le 6 juin 2017.
Le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin (d.) et Abdelouahed Ben-Ncer de l'Institut national d'archéologie du Maroc posent avec certains des restes humains retrouvés à Jebel Irhoud, le 6 juin 2017.
Des restes d'Homo sapiens ont été mis au jour au Maroc et datés de 300'000 ans, ce qui fait reculer de 100'000 ans les origines de notre espèce, selon deux études publiées mercredi.

"Cette découverte représente la racine même de notre espèce, l'Homo sapiens le plus vieux jamais trouvé en Afrique ou ailleurs", a expliqué le Français Jean-Jacques Hublin, directeur du département d'Evolution humaine à l'Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne) et co-auteur des travaux.

Ce "nid de restes humains" appartenant à "au moins cinq individus" comporte notamment une face humaine et une mandibule. Il a été découvert lors de fouilles entreprises en 2004 sur le site de Jebel Irhoud, dans le nord-ouest du Maroc.

Face proche de celle d'un homme actuel

Les chercheurs ont constaté que la face d'un de ces premiers Homo sapiens ressemble à celle d'un homme actuel. Sa boîte crânienne, par contre, est encore assez différente de la morphologie moderne.

La datation des fossiles à été obtenue au moyen de la thermoluminescence, une technique très connue et utilisée depuis les années 80.

Ces découvertes font l'objet, mercredi, de deux études distinctes dans Nature et de la couverture de la revue.

afp/ptur

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Les hommes actuels ne descendraient donc pas tous d'Afrique de l'est

Les hommes de Jebel Irhoud détrônent Omo I et Omo II, découverts à Omo Kibish en Ethiopie et datés autour de 195'000 ans. Un peu plus tôt, trois crânes fossilisés datés d'environ 160'000 ans avaient aussi été découverts dans la même région, ce qui avait laissé penser que tous les hommes actuels descendaient d'une population qui vivait en Afrique de l'est. Une théorie totalement remise en cause par les découvertes de Jebel Irhoud.

De plus, les outils trouvés sur le site (des éclats et surtout des pointes retouchés) sont typiques de ce que l'on appelle le "Middle Stone Age". "On a déjà retrouvé ce type d'outils, également datés de 300'000 ans, un peu partout en Afrique sans savoir qui avait pu les fabriquer", explique l'expert en géochronologie Daniel Richter. Maintenant les chercheurs estiment que l'on peut associer la présence des outils à celle de l'Homo sapiens. "Très certainement avant 300'000 ans,une dispersion des ancêtres de notre espèce sur l'ensemble du continent africain avait déjà eu lieu", ajoute-t-il.

Plusieurs groupes très différents auraient co-existé

De nombreux groupes très différents ont vraisemblablement coexisté, non seulement dans des régions lointaines les unes des autres mais peut-être également dans des régions proches. De nombreux groupes d'Homo sapiens archaïques auxquels s'ajoutent d'autres espèces humaines comme l'Homo erectus, les néandertaliens, les denisoviens peut être les Homo naledi ... "On s'éloigne de plus en plus de cette vision linéaire de l'évolution humaine avec une succession d'espèces qui viennent les unes au bout des autres", dit Jean-Jacques Hublin.