La Silicon Valley est issue de la contre-culture des années 1960. Elle se revendique d'un état d'esprit unique, le fameux "Think Different", popularisé par Apple, une marque devenue aujourd'hui un rouleau compresseur numérique et globalisé. Autre exemple, Google et sa "règle des 20%", un système qui permet aux employés de consacrer 20% de leur temps de travail à des projets personnels. Mais la société de Moutain View n'a en fait rien inventé, puisque les ingénieurs de 3M, qui commercialise les fameux post-its, donne 15% de temps libre à ses ingénieurs depuis 1948.
Les barbares d'hier
A force d'insister sur les sweat à capuche de Mark Zuckerberg ou sur les trottinettes cool des fondateurs de Google, on en oublierait presque que ces entreprises sont devenues des monstres qui écrasent leurs domaines respectifs. Les barbares d'hier qui ne suivaient aucune règle et venaient mettre des coups de pied dans la fourmilière des belles endormies du Dow Jones, du SMI ou du CAC40, sont aujourd'hui les nouveaux maîtres du monde.
A force de présenter Amazon comme une librairie en ligne, on oublie que c’est un acteur de la grande distribution en général, qui héberge les applications de millions d'entreprises via ses fameux "web services" et propose des services de paiement et de crédit, fabrique des téléphones et des tablettes. Google est bien plus qu'un simple moteur de recherche, c'est aujourd'hui la plus grande entreprise d'intelligence artificielle du monde, partie à la conquête du transhumanisme.
L'establishment d'aujourd’hui
Mais L'Oréal, Nestlé ou Carrefour ont un jour été des startups. Il n'y a pas longtemps, Barnes & Noble aux Etats-Unis et Fnac en France étaient les gros méchants loups qui tuaient les librairies indépendantes. Maintenant, ces entreprises subissent les assauts répétés des acteurs du commerce électronique.
En grandissant, les entreprises ont toujours la même tendance: passer d'une logique de création de valeur à une logique de conservation de valeur et de l'audace à la peur du risque. Malgré les discours de l’ancien hippie Steve Jobs, Apple est devenue la marque du contrôle. Impossible aujourd'hui d’ouvrir un Mac ou un iPhone pour le bidouiller.
La loi du plus fort
Les "nouvelles" technologies ne font que répéter le même cycle. Elles ont eu leurs années folles, de petites structures qui partaient à l'assaut de géants aux pieds d'argile. Aujourd'hui les coquilles de noix se sont transformées en porte-containers géants. Leur défi est de rester agile et motivé. D'ailleurs, quand Charles Darwin parle de la "loi du plus fort", il ne définit pas la force par la taille ou la masse musculaire, mais par… la capacité à s'adapter.
Et l’histoire n'est pas très optimiste en matière de survie des entreprises sur le long terme. Une étude réalisée en 2001 montrait que seules 13,4% des sociétés du Fortune 500 qui existaient en 1955 étaient encore actives à l’époque. De quoi méditer, mais en T-shirt sous le soleil de Palo Alto... en dégustant une salade de quinoa!
Laurent Haug/Guillemette Faure/ad/jzim
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