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La Suisse veut être auto-suffisante dans sa production de phosphore

Le phosphore, élément chimique de numéro atomique 15, est en voie de raréfaction.
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L'avenir du phosphore suisse se discute à Berne / CQFD / 8 min. / le 30 août 2017
Dans une dizaine d'années, la Suisse pourrait couvrir elle-même ses besoins en phosphore, essentiel aux engrais agricoles. Une première conférence sur le sujet s'est tenue mercredi à Berne.

La Suisse dépend des importations de phosphore pour couvrir les besoins en engrais de l’agriculture. Elle importe donc plus de 6000 tonnes de produits fertilisants transformés chaque année.

La Confédération a décidé de rendre obligatoire le recyclage du phosphore d’ici 2026. Elle entend ainsi devenir auto-suffisante en récupérant le phosphore contenu dans les eaux usées, les boues d’épuration et les cendres et en utilisant ces résidus pour produire des engrais de recyclage. Ces mesures étaient présentées mercredi à Berne lors de la première conférence nationale sur le sujet.

Législation à adapter

Mais les engrais phosphatés dépassent souvent les valeurs limites légales en matière de polluants, car ils contiennent des métaux lourds tels que le cadmium ou l'uranium

La Suisse doit donc modifier sa législation en révisant ses ordonnances sur les engrais et sur les risques liés aux produits chimiques et déterminer les quantités maximales de métaux lourds autorisées.

Interrogée par l'émission CQFD de la RTS, la vice-directrice de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) Karine Siegwart explique que les technologies étudiées sont jugées "rentables", et que la Suisse entend être "un pilote au niveau européen".

Un projet d'extraction valaisan

A Sion, par exemple, un réacteur développé par la HES-SO et soutenu par l'OFEV est capable de récupérer le phosphate présent dans les boues usées. Son système d’extraction est testé dans 3 stations d’épuration en Suisse et récupère jusqu'à 97% du phosphore présent.

Le système valaisan, qui pourrait être commercialisable d'ici 5 à 10 ans, est suivi de près par les industriels, comme Lonza et Fenaco. Et il a déjà de la concurrence: une vingtaine de projets similaires sont en cours de développement en Europe.

Stéphane Delétroz/Florence Vuistiner

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