Le traitement, dont les détails ont été publiés mercredi dans la revue américaine Science, a permis de protéger des singes contre le virus simien du sida (VIS) et des souches du virus de l'immunodéficience humaine (VIH).
Ce triple antiviral a procuré une meilleure protection que tous les autres anticorps testés jusqu'alors, neutralisant 99% des plus de 200 différentes souches du VIH-1, ont précisé les chercheurs du groupe pharmaceutique français Sanofi et des instituts nationaux américains de la santé (NIH). Le nouvel agent a également été testé sur des cellules humaines en laboratoire.
"C'est une très bonne nouvelle", s'est réjouie Alexandra Calmy. "Il faut se souvenir qu'aujourd'hui, plus de 35 ans après la découverte du virus, il n'existe pas encore de vaccin contre le VIH", a ajouté la responsable de l'unité VIH/sida des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Des super anticorps
Le triple antiviral développé par les chercheurs français et américains frappe des cibles infectieuses multiples dans une seule molécule: "Il reconnaît trois sites distincts sur l'enveloppe (du virus), ce qui permet à l'anticorps de rester actif et d'être plus puissant. Cela évite la sélection de virus variants qui, eux, seraient résistants à un seul type d'anticorps", a expliqué la spécialiste.
"Celui-ci permet aux patients de se passer de la prise de médicaments quotidiens pendant quelques semaines ou quelques mois", a-t-elle précisé.
Possible application pour le cancer
Uniquement testé sur des singes, le travail des chercheurs n'est qu'une première étape, a souligné Alexandra Calmy: "On attend les essais cliniques chez l'homme à la fin 2018. On est à quelques années d'une application de routine".
Selon elle, ces recherches pourraient être appliquées à d'autres maladies auto-immunes et aux cancers: "Cela me paraît plausible, en effet. D'ailleurs l'immunothérapie a déjà fait ses preuves dans le traitement du cancer".
hend
Super anticorps naturels
Certaines personnes produisent naturellement des super anticorps neutralisants, a expliqué Alexandra Calmy. Mais ils restent largement minoritaires: "Il y a des personnes qui vivent avec ce virus et qui arrivent à produire naturellement ces super anticorps. Une étude en Suisse a étudié près de 4500 personnes porteuses du virus VIH et n'a trouvé ces anticorps chez seulement 239 individus".