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Vrai ou faux? Les facteurs de risque du cancer du sein en quelques questions

Est-il risqué d'effectuer des mammographies répétées? [AFP - Garo / Phanie]
Cancer du sein: démêler le vrai du faux / On en parle / 8 min. / le 18 octobre 2017
Le cancer du sein touche près d'une femme sur huit et on décèle près de 6000 nouveaux cas de cancer du sein chaque année en Suisse. L'émission On en parle fait le point sur les facteurs de risque d'apparition de cette maladie.

Le cancer du sein est un problème majeur de santé publique. Pour démêler le vrai du faux en matière de facteurs de risque, le Centre du sein de Genève organise mercredi soir une conférence publique sur la question. A cette occasion, la Dre Sindy Monnier, gynécologue et chirurgienne du sein, répond dans l'émission On en parle à quelques questions que l'on se pose fréquemment.

A partir de quel âge faut-il faire des dépistages réguliers?

Il faut distinguer deux types de dépistage. On a le dépistage offert par la fondation du dépistage au niveau cantonal, qui est proposé aux patientes à partir de 50 ans tous les deux ans. En parallèle, on propose ce qu'on appelle un dépistage "opportuniste", pour un certain type de patientes qui présentent un risque peut-être un peu plus important, en raison, par exemple, d'une anamnèse familiale positive ou d'antécédents personnels. Dans ces cas-là, on peut proposer des mammographies/échographies plus tôt, et peut-être de manière annuelle.

Quels sont les avantages d'un dépistage précoce?

Le dépistage précoce permet d'avoir un diagnostic de cancer plus tôt - une plus petite tumeur. On va avoir un traitement qui sera moins invasif avec une meilleure chance de survie.

Quel est le taux de survie?

Le taux de survie est quand même excellent. Si on regarde le taux de survie à cinq ans, on est entre 80% et 90%.

Des mammographies répétées font courir un risque de santé par irradiation: vrai ou faux?

Faux. Il est vrai qu'on a remarqué que les patientes qui ont des mammographies répétées ont plus de cancers du sein. Mais c'est tout simplement lié au fait qu'on propose des mammographies répétées aux patientes qui ont un plus grand risque et qui, donc, ont plus de chances d'avoir malheureusement un cancer du sein au cours de leur vie.

Y a-t-il des prédispositions génétiques pour un cancer du sein?

On connaît certaines dispositions génétiques. Le cas le plus parlant est celui de l'actrice américaine Angelina Jolie. Par contre, on sait que les prédispositions génétiques n'expliquent que 5% des cancers du sein. Dans certaines conditions, on peut proposer à la patiente de rechercher si celle-ci présente ou pas cette prédisposition génétique. Ca se fait par une prise de sang.

Toutes les femmes devraient-elles avoir une consultation d'évaluation de leur risque génétique?

Non, parce que cela va dépendre fortement de l'anamnèse familiale de la patiente et du type de cancer qu'elle a pu avoir. On ne propose donc pas une consultation génétique à toutes les patientes. On cible les patientes qui vont avoir une consultation oncogénétique.

Pour les femmes qui ont une prédisposition génétique, les consultations doivent-elles être plus fréquentes?

Si on met en évidence une prédisposition génétique, on arrive à un haut risque de développer un jour un cancer du sein, qui peut aller jusqu'à 80%. On propose donc effectivement un dépistage très précoce. Pour certaines patientes, on peut commencer dès l'âge de 25 ans, avec par exemple des IRM mammaires. Ce sera ensuite un dépistage tous les ans.

Est-ce qu'un mode de vie particulier pourrait favoriser un cancer du sein?

On a mis en évidence que, dans les pays occidentaux, il y a une incidence du cancer du sein plus importante que dans certains autres pays. Donc, probablement que notre mode de vie - notamment l'alimentation - augmente l'incidence du cancer du sein. Au Japon par exemple, on a une incidence du cancer du sein qui est moindre que chez nous, et c'est probablement lié aussi au mode de vie et à l'alimentation.

On conseille, par exemple, de ne pas fumer, d'avoir une consommation d'alcool occasionnelle et d'avoir une alimentation saine. On sait aussi que le sport diminue l'incidence du cancer du sein. Idem lorsqu'on a eu un cancer du sein: on a bien démontré qu'on diminue le risque de récidive en ayant une pratique sportive régulière.

La prise de la pilule contraceptive augmente-elle le risque de cancer du sein?

On sait qu'une grande partie des cancers du sein sont sensibles aux hormones. La contraception orale va augmenter un tout petit peu le risque, mais, à l'inverse, elle va protéger la patiente contre le cancer de l'ovaire. On a également des études qui nous démontrent que, une année après l'arrêt de la contraception orale, on arrive à un risque identique à avant la prise de pilule. On peut donc prescrire une pilule sans aucun souci.

Quel est l'effet du traitement hormonal en cas de ménopause sur le cancer du sein?

On a eu, il y a quelques années, une étude qui démontrait qu'on augmentait un tout petit peu le risque de cancer du sein lors de la prescription d'un traitement hormonal de substitution. Mais encore une fois, à partir du moment où on l'arrête, on revient au même risque une année après l'arrêt de la prescription.

C'est donc une discussion que la patiente doit avoir avec son gynécologue, en fonction des effets secondaires qu'elle peut avoir lors de la ménopause. Si elle a des effets secondaires extrêmement importants, on peut prescrire un traitement hormonal substitutif en prenant en compte les antécédents personnels et l'anamnèse familiale de la patiente. Par contre, si elle n'a pas de plainte liée à sa ménopause, je ne crois pas que ce soit nécessaire de prescrire d'emblée un tel traitement.

Propos recueillis par Philippe Girard/dk

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