"La voix est là pour rester" en matière d'interface de communication entre l'homme et la machine, a lancé lundi Ned Curic, responsable des activités automobiles pour Alexa, l'assistant vocal d'Amazon.
Ned Curic présentait, à la veille de l'ouverture officielle du CES, un partenariat avec l'équipementier automobile français Faurecia : les occupants des véhicules pourront dialoguer via Alexa avec leur voiture intelligente et connectée, pour ajuster la température, choisir la musique etc...
Difficiles de compter les entreprises qui annoncent l'intégration d'un assistant virtuel dans leurs appareils ou leurs systèmes: Panasonic, LG, Pioneer et bien d'autres...
Plus de 43 millions d'unités devraient être vendues aux Etats-Unis en 2018
Selon la CTA, association professionnelle qui organise le CES, la commande vocale alliée aux avancées de l'intelligence artificielle est LA tendance du moment en électronique et devrait continuer sur sa lancée en 2018, notamment via les hauts-parleurs connectés activés à la voix, dont il devrait s'écouler plus de 43 millions d'unités en 2018 rien qu'aux Etats-Unis, une hausse de 60%.
Avec ces appareils, on peut commander une pizza, faire ses courses, écouter les infos, passer de la musique et contrôler tous les appareils connectés du foyer (machines à laver, frigos, lampes, alarmes, porte d'entrée...). Rendus malins grâce à l'intelligence artificielle, ces assistants apprennent en partie tout seuls au contact de leur propriétaire, auxquels ils s'adaptent progressivement.
Un petit espion à domicile
Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris et président du comité d'ethique du CNRS, explique dans La Matinale que ces assistants sont composés d'un logiciel qui a recours à l'intelligence artificielle pour comprendre et analyser la parole afin de la transformer en ordres. Il s'agit, ajoute-t-il, d'une étape extrêmement difficile, puisque le langage quotidien est fait de jeux de mots, de confusions possibles.
Pour le chercheur, "si vous avez cette petite boîte chez vous, c'est un petit espion domestique". Et de poursuivre: "toutes vos informations, tout ce que vous dites à table, toutes les petites disputes familiales seront enregistrées par Amazon ou par Google et ils pourront bien sûr les utiliser à volonté".
Interrogé sur l'emploi des données collectées, Jean-Gabriel Ganascia estime qu'il n'y a pas de volonté de contrôle policier, mais souligne que ces firmes "veulent faire de vous un consommateur", en utilisant les données collectées pour savoir ce que les clients apprécient et pour leur proposer de la publicité ciblée.
Propos recueillis par Romaine Morard
afp/ebz
Forte rivalité entre Amazon et Google
Même si Apple a lancé Siri très tôt, en 2011, il n'occupe plus le devant de la scène actuellement, faisant apparaître Google et Amazon comme les principaux combattants, estiment les analystes : leurs majordomes virtuels Assistant et Alexa se retrouvant embarqués dans de plus en plus d'appareils électroniques et de voitures.
Le géant sud-coréen Samsung essaie quant à lui de combler son retard avec le sien, Bixby, dont il a annoncé récemment une version qui se veut plus performante. Mais c'est bien de plus en plus à un duel que l'on assiste.
"Le thème majeur, c'est le combat entre Google et Amazon pour le foyer connecté", résume l'analyste Patrick Moorhead du cabinet Moor Insights & Strategy.
Une bataille qui s'illustre notamment via une concurrence frontale à coups de baisses de prix dans les haut-parleurs connectés qui se vendent le mieux : l'Echo d'Amazon, et celui de Google, baptisé Home. D'abord un peu timide, Google s'est lancé à plein dans la bataille en annonçant en octobre une flopée d'appareils équipés d'Assistant, dont un Home Mini, rival direct de l'Echo Dot d'Amazon.