"Je n'ai pas de conflit avec les historiens ou les universitaires, car depuis le début je milite pour un rassemblement des deux univers. Je ne suis pas là pour remplacer les profs (...) et je ne suis pas historien, je ne produis pas de contenu scientifique", insiste le Français Benjamin Brillaud, invité jeudi de La Matinale de la RTS. Il juge que son travail est de faire "de la vulgarisation, de la médiation culturelle", et donc de collaborer avec les scientifiques.
Sa chaîne Youtube intitulée Nota Bene compte actuellement plus de 628'000 abonnés et propose des sujets historiques sur un ton léger, par exemple "Riches vs. pauvres, les loisirs au Moyen Age", "Morts sur les toilettes" ou "Les papes les plus déjantés".
"L'histoire a toujours été tendance, peu importe les formats", estime Benjamin Brillaud. "Les livres d'histoire, c'est ce qui se fait le plus en France (...) et sur Youtube, il y a une cinquantaine d'émissions dédiées à l'histoire qui ont pignon sur rue".
"Réseau d'historiens"
Ce type de format risque-t-il de trop simplifier une matière complexe? "Un thésard fera peut-être quelques bonds en regardant mes vidéos. Mais ce que je fais n'est pas une thèse, on est obligés de faire une simplification", répond le trentenaire.
La crédibilité de l'émission de Benjamin Brillaud a aussi été portée par des collaborations prestigieuses, comme celle avec le musée du Louvre en 2016. "Cela a ouvert certaines portes institutionnelles pour les vidéastes", se réjouit-il.
Au chapitre des sources, le créateur de Nota Bene s'informe beaucoup sur internet, mais assure pouvoir compter sur "un important réseau de copains historiens" et sur une riche bibliothèque.
Il raconte avoir lancé son concept en partant du constat que "quelqu'un qui ne s'est jamais penché sur l'histoire peut peut-être la trouver élitiste". Son but est donc "d'amener à l'histoire de manière ludique".
Un public de "18-35 ans"
"J'essaie toujours de me mettre à la place de quelqu'un qui n'y connaît strictement rien", explique-t-il. Il dit "chercher des choses qui parlent aux gens", par exemple des parallèles entre des films ou des séries et des événements historiques. Il précise que son public "est composé à 80% de personnes de 18 à 35 ans (...) Les adolescents n'arrivent qu'en cinquième position."
Le ton de l'humour est-il obligatoire pour percer sur Youtube? "Je ne vais peut-être pas blaguer sur la Shoah. Mais il faut savoir prendre tous les sujets comme ils viennent, et je ne me force pas à faire de l'humour", répond-il.
Propos recueillis par Yann Amedro
Adaptation web: Jessica Vial