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Pourquoi la montre connectée ne menace pas la montre traditionnelle

A Baselworld, la montre non connectée fait de la résistance. [RTS - Gaël Klein]
Pourquoi la montre connectée ne menace pas la montre traditionnelle / La Matinale / 2 min. / le 23 mars 2018
Aux pires heures de la crise horlogère, certains prédisaient à la montre classique le plus funeste des destins face à la montre connectée. Le salon Baselworld montre pourtant que la première a toujours un bel avenir.

Une statistique récente annonçait que, pour la première fois, Apple aurait vendu au dernier trimestre 2017 plus de montres que l’industrie horlogère suisse n’en a exportées. Mais le marché démontre à l’envie que la montre mécanique ou à quartz se porte bien et les horlogers - installés ou peu connus - en sont persuadés. De fait, la montre connectée s’est fait sa place, mais pas au détriment de la montre traditionnelle.

Walter von Kaenel célèbre cette année ses 30 ans à la tête de Longines à Saint-Imier (BE). Défenseur acharné de l’horlogerie, il préfère investir et promouvoir la très haute précision du quartz, tout en continuant à produire des montres mécaniques.

"Les connectées ont pris un marché supplémentaire"

"Chacun son métier", dit-il. "Les stars des montres connectées ont un immense avantage sur les horlogers, c'est leur métier. Et ce métier est caractérisé par une rapidité satanique. Alors que nous, les horlogers, on se concentre sur ce qu'on sait faire, à savoir des montres traditionnelles. Les connectées ont pris un marché supplémentaire au bras, mais nous les horlogers, on n'a rien perdu."

Et de nouveaux acteurs croient aussi en la montre traditionnelle, comme en Franche-Comté - autre berceau de l’horlogerie. La toute nouvelle marque Phenomen, à Besançon, en est l'exemple. Son patron-fondateur Alexandre Meyer vient du monde de l’automobile et il lance sa première montre en visant le haut de gamme.

"Ce défi de faire ça avec quelque chose de mécanique est aussi magique que les défis que certains relèvent avec des écrans ou des aspects plus numériques ou plus connectés", s'enthousiasme-t-il. "Une belle voiture de collection, sans ABS, sans ESP, sans aide à l'image, peut être aussi merveilleuse qu'une supercar [véhicule particulièrement performant pour son époque] aujourd'hui."

"Des partis pris, des émotions différents"

Alexandre Meyer refuse donc d'opposer les deux trajectoires: "Des montres connectées offrent des merveilles de services pour des aviateurs, pour des sportifs. La montre mécanique peut apporter aussi des merveilles de plaisir par ce ballet mécanique. Je n'y vois pas du tout d'opposition mais des partis pris différents, des émotions différentes."

Tout au plus, affirment les horlogers, les géants du numérique ont eu le mérite de rappeler à ceux qui l’avaient oublié qu’on peut porter une montre à son poignet.

 Gaël Klein/oang

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