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Les microplastiques laissés dans le compost retrouvés dans les champs

De nombreux composts contiennent des microplastiques. [Fotolia - photographyfirm]
Microplastiques: du compost à nos champs / On en parle / 13 min. / le 6 avril 2018
De nombreux composts fabriqués à partir des déchets de cuisine et de jardin contiennent des microplastiques, qui se retrouvent ensuite dans les terres agricoles, révèle une étude allemande.

Six chercheurs allemands, dont les travaux ont été publiés mercredi par la revue "Science Advances" et relayés vendredi dans l'émission On en parle de la RTS, ont analysé les composts de trois usines de traitement de biodéchets en Allemagne, à la recherche de particules de plastiques au diamètre inférieur à cinq millimètres. Tous ces composts contenaient des microplastiques, provenant sans doute de sacs et d'emballage, dans des proportions variables mais importantes.

Or, les déchets organiques compostés servent d’engrais, principalement dans l’agriculture. Ils retournent donc à la terre et, selon les chercheurs allemands, des milliards de microparticules de plastiques se retrouveraient chaque année dans l'environnement.

Et en Suisse?

Selon les chiffres de l'Office fédéral de l'environnement, la Suisse recycle 1,2 million de tonnes de biodéchets par an et il existe 368 installations de compostage et de méthanisation sur le territoire.

Le problème des résidus de plastiques dans les déchets verts y est aussi une réalité et un souci pour toutes les usines de traitement, que ce soit les installations de compostage ou celles de méthanisation, qui récupèrent le biogaz pour produire chaleur ou électricité.

Le canton de Vaud a mandaté une étude sur la question, mais ses résultats n’ont pas encore été rendus publics.

Situation "dégradée avec la taxe au sac"

Pour Edi Blatter, directeur de Satom SA, qui possède une usine de méthanisation à Villeneuve (VD), même si les particules de plastiques sont infimes - "un dixième de pour mille" - elles restent un problème important sachant que "plus de 20'000 mètres cubes de compost solide et autant de liquide sont utilisés dans l'agriculture".

"C'est inévitable que l'on retrouve du plastique dans les champs si l'on arrive pas à améliorer la qualité de la matière", souligne-t-il.

Et à ses yeux, la collecte des déchets organiques "s'est encore dégradée avec l'introduction de la taxe au sac". "Les gens doivent payer pour le sac, alors ils essaient d'évacuer les déchets par d'autres moyens non coûteux, donc en les mettant dans les déchets verts", observe-t-il.

Edi Blatter insiste sur "le rôle crucial des communes", qui organisent les collectes et peuvent donc refuser une matière souillée. Par ailleurs, selon lui, "un point de collecte pour les déchets verts non surveillé n'a plus de sens aujourd'hui".

Isabelle Fiaux/jvia

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Confusions autour de la poubelle verte

"Les grandes surfaces ont une responsabilité" dans cette affaire", estime Edi Blatter, directeur de Satom SA, qui précise la plupart des plastiques retrouvés dans les composts sont les étiquettes collées sur les fruits ou les restes de sachets emportés du supermarché.

"Il y a une confusion entre les sacs compostables, quadrillés et labellisés, et les sacs biodégradables, qui ne doivent pas être jetés dans les déchets verts", insiste-t-il.

Que mettre alors dans sa poubelle verte? "Tout ce qui pousse dans le jardin", rappelle Edi Blatter. Pour le reste, cela dépend de la prise en charge des déchets: si ceux-ci vont au compostage, on n'y trouve que les restes d'aliments non cuits.

Si en revanche ils partent pour la méthanisation, on peut y mettre tous les autres restes alimentaires, même les pâtes, les arrêtes de poisson, le marc de café (sans la capsule, évidemment), les sachets de thé...