Toujours hospitalisé trois mois après son opération à Paris par l'équipe du Pr Laurent Lantieri, cet homme de 43 ans est apparu avec un visage lisse et immobile qui n'a pas épousé les traits du crâne. Cela devrait venir peu à peu si le traitement empêchant un rejet est bien suivi.
Le patient a accepté immédiatement sa nouvelle apparence, sa nouvelle identité. "Je me sens très bien, mais "j'ai hâte d'être libéré de tout ça", a-t-il déclaré devant les médias la semaine passée.
Première greffe en 2010
Laurent Lantieri avait déjà réalisé une première greffe totale en 2010 sur ce patient atteint de neurofibromatose de type 1, une maladie génétique qui a déformé son visage.
L'opération avait été un succès, mais peu après, lors d'un banal rhume, il avait été soigné par un antibiotique incompatible avec son traitement immunodépresseur et a commencé à montrer des signes de rejet.
En 2017, son visage greffé est nécrosé et doit être retiré. Il restera deux mois "sans visage" en réanimation, le temps de trouver un donneur.
"On pourra un jour greffer la tête entière"
Le professeur Paolo Scolozzi, chirurgien maxillo-facial aux Hôpitaux universitaires genevois a réagi dans le 19h30 au témoignage du premier homme greffé deux fois. "L'obstacle est davantage éthique et psychologique que technique", explique le chirurgien, qui souligne "l'audace" d'une telle opération, comparable aux premières greffes du coeur par exemple.
Cet aspect moral est déterminant selon le Professeur Scolozzi et il jouera un rôle crucial dans l’étape suivante que serait la greffe de la tête entière. "Techniquement, c'est possible, mais ça fait peur", estime le chirurgien.
afp/boi