Nos chers seniors

Grand Format

Keystone - Gaetan Bally

Introduction

Ces prochaines années, le nombre de personnes âgées va exploser en Suisse. Le vieillissement de la population est l'un des plus gros défis de nos sociétés occidentales et pose inévitablement des questions en matière de santé, de coûts et de mixité sociale.

Nos chers seniors 1
2018-2045: vers une Suisse à 3 millions de seniors

Une révolution démographique est annoncée, et elle n'épargnera pas la Suisse. Le pays compte plus de 1,5 million d'habitants de plus de 65 ans actuellement, ce qui représente 18% de sa population.

D'après les projections de l'Office fédéral de la statistique (OFS), cette part devrait progresser à près de 21% en 2025, plus de 24% en 2035 et excéder les 26% en 2045. D'ici là, selon le scénario de référence de l'OFS, le nombre de seniors aura quasiment doublé.

Le nombre d'"ultra-vieux" devrait quant à lui exploser. Alors que l'on compte environ 1500 centenaires aujourd’hui, ils pourraient être entre 25'000 et 50'000 en 2050.

Les cantons ne devraient pas tous être impactés de la même manière. C'est actuellement le Tessin qui compte la plus importante proportion de personnes âgées (22%), suivi par Bâle-Campagne (21,4%) et Schaffhouse (20,7%).

Côté romand, le Jura, le Valais et Neuchâtel sont plutôt dans la moyenne des autres cantons. Mais les trois cantons les moins âgés de Suisse sont francophones: il s'agit de Fribourg (15,2%), Vaud (16,3%) et Genève (16,5%, ex-aequo avec Zoug).

Les cantons romands moins touchés

D'ici les années à venir, l'écart ne devrait faire que se creuser. Selon les projections de l'OFS, le vieillissement de la population sera plus modéré en Suisse romande qu'ailleurs dans le pays.

Alors que les cantons connaîtront en moyenne une hausse de leur population de seniors avoisinant les 80% d'ici à 2045, elle sera de 34% pour Neuchâtel, 41% à Genève et Berne, proche des 45% dans les cantons de Vaud et du Jura, autour des 50% à Fribourg et en Valais.

Les cantons les plus touchés par le vieillissement de leur population seront Obwald (+83% de seniors), Uri et Schwytz (+74%).

En 2045, la part de seniors dépassera presque partout les 25%, sauf dans quatre cantons, dont trois sont romands: Fribourg (23%), Genève (23%), Zurich (24%), Vaud (24%).

Ces variations cantonales importantes s'expliquent principalement par le clivage ville/campagne, qui influe sur les flux migratoires - venant de Suisse ou depuis l'étranger.

Alors que les cantons urbains attirent les jeunes adultes et connaissent des départs d’adultes plus âgés, les cantons périphériques, eux, pâtissent du phénomène inverse.

Nos chers seniors 2
L'entrée en EMS, un moment à mieux préparer

L'entrée en établissement médico-social (EMS) se fait rarement de gaieté de coeur. En général, une personne âgée rejoint une institution spécialisée après concertation avec sa famille et son médecin, face à une accumulation de difficultés et au constat qu'elle a besoin d'aide.

De nos jours les personnes âgées tendent à rester chez elles jusqu'à un âge plus avancé. Conséquence, l'arrivée en home survient en général lorsque les cas sont plus complexes et les besoins en soins plus importants.

Un accident, la maladie, l'incapacité à tenir son ménage... peuvent être autant d'éléments présidant à l'entrée en EMS.

Selon l'OFS, plus de deux tiers des résidents vivant dans les homes sont des femmes, en majorité très âgées (plus de 85 ans) et veuves.

Les résidents y passent en moyenne 893 jours, soit quasiment deux ans et demi.

Parce que cette transition est rarement voulue, et souvent brutale, elle est en général mal préparée et c'est là tout le paradoxe: en Suisse, on organise sa formation, son parcours professionnel, on s’assure contre toutes sortes d'aléas, mais on ne prévoit pas l'intégration en home.

>> Le sujet du 19h30 :

Premier épisode de la série "Nos chers Seniors" : l'entrée en EMS
19h30 - Publié le 4 juin 2018

Nos chers seniors 3
Des pistes pour maintenir les aînés dans le tissu social

En 2016, près de 500'000 personnes ont reçu une assistance médico-sociale, un nombre en progression par rapport à 2015. Parmi elles, 340'000 ont bénéficié d’aide et de soins à domicile et 149'000 résidaient en établissements médico-sociaux (EMS).

La capacité d'accueil moyenne en Suisse s'établit aujourd'hui à 63 lits d'EMS pour 1000 seniors de plus de 65 ans, avec d'importantes variations cantonales.

En appliquant une logique purement arithmétique, pour suivre l'évolution démographique annoncée, plus de 70'000 places d'EMS devraient être créées d'ici 2045 à travers le pays et ce, uniquement pour maintenir le niveau d'accueil actuel. L'effort à consentir serait énorme pour les cantons.

Pour les organisations spécialistes des défis liés au grand âge, il est donc dans l'intérêt de tous de repenser le système et de trouver d'autres solutions. Ces associations préconisent notamment de mieux soutenir les proches aidants, en leur offrant des "solutions de répit" comme des structures d'accueil de jour ou de nuit, en offrant la possibilité de ne faire que des courts séjours en institutions spécialisées, etc.

>> Lire : Multiplier les places d'EMS n'est pas la seule solution face au "papy-boom"

D'autres solutions de structures dites "intermédiaires" apparaissent en Suisse depuis quelques années: des appartements protégés dans des locatifs spécialement pensés pour le grand âge, l'adaptation de logements existants aux besoins des seniors, la cohabitation intergénérationnelle...

Autant d'alternatives possibles à la conception ancienne de l'EMS où l'on entre pour finir sa vie.

>> Le reportage du 19h30 :

Comment maintenir les seniors à domicile le plus longtemps possible? Trois solutions
19h30 - Publié le 5 juin 2018

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La retraite des "papy-boomers", un défi financier colossal

L'âge avançant, surtout au moment de l'entrée en EMS, les coûts des soins explosent. Ces frais sont répartis entre les bénéficiaires, les caisses maladie et l'Etat.

Les patients doivent s’acquitter d'une quote-part de 20%, de l'ordre de 20 francs par jour en EMS et 16 francs à domicile au maximum. La plupart des cantons romands ne demandent pas de participation aux retraités qui restent chez eux, afin d’encourager l’aide à domicile.

Les caisses maladie, elles, paient les factures médicales ou, lorsque le patient est en EMS, un forfait. La part des soins financée par les caisses maladie dans les EMS était de 51% en 2014.

Enfin l'Etat paie une bonne part de la facture de la vieillesse en intervenant à deux niveaux. D'abord, en versant des prestations complémentaires aux retraités qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts ou à payer leur facture d'EMS.

En Suisse, c'est le cas d'un pensionnaire sur deux. A Genève, où les coûts des homes sont particulièrement élevés, cela concerne même 70% des résidents.

L’Etat paie aussi les frais résiduels, en complétant la dotation des EMS ou en subventionnant des services de soins à domicile.

En 2014, il a versé plus de 3 milliards de francs aux EMS (plus du tiers de leurs revenus): 1,75 milliard sous formes de prestations complémentaires et 1,52 milliards pour le financement résiduel des soins.

Moins d'actifs pour financer les retraites

Problème: l’impôt repose essentiellement sur les travailleurs et il y aura à l'avenir moins d'actifs pour financer les retraites. Si aujourd'hui, il y a 12 actifs pour une personne de plus de 80 ans, il n'y en aura plus que sept d'ici à 2030.

Les dépenses pour les soins aux seniors devraient plus que doubler entre 2013 et 2045, pour atteindre 3,4% du PIB. Il est donc urgent de repenser le mode de financement des soins.

Avenir Suisse propose par exemple la création d’une nouvelle épargne vieillesse obligatoire, transmissible aux héritiers si elle n’a pas été utilisée.

>> Le sujet du 19h30 :

Seniors: coûts de la vieillesse, il y a urgence de repenser le mode de financement des soins
19h30 - Publié le 6 juin 2018

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Le diagnostic précoce d'Alzheimer permet une meilleure prise en charge

Au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), un centre spécialisé reçoit les personnes âgées présentant des troubles de la mémoire. Le test neuropsychologique qui y est réalisé est souvent redouté par les patients, car le spectre d'Alzheimer plane.

L'examen consiste en plusieurs exercices: nommer des objets, réciter des suites de chiffres et mémoriser des listes de mots. "(Son) rôle, c'est non seulement de mettre en exergue les difficultés, mais également de dire tout ce qui fonctionne bien. (...) On va pouvoir utiliser les systèmes de mémoire qui fonctionnent bien pour pallier les difficultés dans la vie de tous les jours", dédramatise le neuropsychologue Andrea Brioschi Guevara.

Alzheimer diagnostiqué chez 1 patient sur 4

Au final, la maladie d'Alzheimer est diagnostiquée chez un patient sur 4. Plus le diagnostic est précoce, plus la prise en charge est adaptée.

"On n'a pas aujourd'hui de pilule miracle, en revanche on a un éventail de propositions qui vont du médical (...) à une prise en charge non médicamenteuse avec (...) de la stimulation cognitive, physique, des choses autour du bien-être", détaille le directeur adjoint du centre, Olivier Rouaud.

L'enjeu n'est pas uniquement médical, il est aussi sociétal car la maladie impacte beaucoup les proches des patients.

Au Centre de la mémoire, ils bénéficient d'une consultation spécifique avec une infirmière. L'an dernier, 1200 personnes y ont été reçues.

>> Le sujet du 19h30 :

Série sur les seniors: la démence et la maladie d'Alzheimer sont en augmentation
19h30 - Publié le 7 juin 2018

>> Les explications du prof. Christophe Büla :

Prof. Christophe Büla: on peut avoir une certaine dose d'optimisme
19h30 - Publié le 7 juin 2018

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Prévenir les chutes, souvent décisives dans la vie d'une personne âgée

Une chute est souvent le début de la fin pour un senior. A partir de 80 ans, 1 personne sur 2 fait au moins une chute par année. Souvent cela signifie blessure et/ou détérioration de l'état de santé, mobilité réduite et peur de sortir. Une chute peut entraîner une hospitalisation et, dans un certain nombre de cas, être un motif d’entrée en EMS.

Aux Pays-Bas, un programme innovant de cours de gymnastique baptisé "Vallen Verleden Tijd" ("les chutes, c’est du passé") s’attaque à ce problème. Accompagnées par des physiothérapeutes, des personnes âgées sont mises en conditions réelles et confrontées à des situations instables qui peuvent provoquer une chute.

L'objectif est de leur donner de l'assurance pour éviter de tomber, mais aussi de ne pas se faire mal en cas de chute. Cette formation de dix semaines, mise au point par des chercheurs a, selon une estimation, permis de réduire les chutes dangereuses de plus de 45%.

Près de 2000 physiothérapeuthes ont été formés aux Pays-Bas, où le cours est partiellement pris en charge par les assurances complémentaires.

>> Le reportage du 19h30 :

Seniors: programme néerlandais pour apprendre à gérer les chutes
19h30 - Publié le 8 juin 2018