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Les coraux des profondeurs pourraient sauver les récifs de surface

En Polynésie, l'expédition Under the Pole étudie les coraux d'eau profonde pour sauver les massifs coralliens
En Polynésie, l'expédition Under the Pole étudie les coraux d'eau profonde pour sauver les massifs coralliens / 19h30 / 4 min. / le 2 septembre 2018
Après plusieurs années à explorer l'océan Arctique, l'expédition Under The Pole a rejoint la Polynésie française pour y étudier les récifs coraliens à grande profondeur et tenter de sauver les coraux de surface.

L'expédition Under the Pole, soutenue par plusieurs entreprises suisses, a pour objectif de mieux comprendre les systèmes coraliens, désormais menacés sur toute la planète. Après deux missions dans les eaux de l'Arctique depuis 2008, l'association navigue maintenant autour des archipels polynésiens.

"Les coraux sont un excellent indicateur de l'état de santé des océans", explique Ghislain Bardout, l'initiateur du projet et spécialiste en plongées profondes, soit jusqu'à 150 mètres. "Etudier les coraux de profondeur permet de mieux comprendre ce vaste écosystème fait de plusieurs couches qui sont toutes interconnectées les unes aux autres."

Un matériel spécifique

L'élévation de la température des eaux polynésiennes depuis quelques années a décimé les coraux. Jusqu'à 50% de ceux-ci ont disparu. L'un des enjeux de l'expédition est de voir s'il existe dans les profondeurs des refuges de coraux qui seraient capables de recoloniser les régions de surface.

Pour que Ghislain Bardout puisse plonger à 100 mètres de profondeur, il a recours à du matériel sophistiqué. Un recycleur d'air remplace les traditionnelles bouteilles de plongée, inadaptées à ces profondeurs, et lui permet de rester jusqu'à six heures sous l'eau.

Entre 50 et 150 mètres de profondeur, la lumière du jour se fait de plus en plus rare, dans la zone appelée mésophotique. Malgré l'obscurité, les coraux s'y développent. Certains d'entre eux pourraient remonter en surface pour sauver les récifs coraliens menacés par le réchauffement climatique. Guidé par les chercheurs restés sur le bateau, le plongeur prélève quelques échantillons.

"Notre cible, c'est de trouver des espèces de Pachyseris, parce que ce sont des espèces qui peuvent vivre de la surface jusqu'à la profondeur", détaille Laetitia Hedouin, chargée de recherche au CNRS. "C'est cette espèce-là qui contribue à l'hypothèse des refuges profonds. Ils pourraient permettre de produire des larves pour réensemencer la surface."

Un refuge pour les poissons

Préparés dès leur sortie de l'eau pour une meilleure conservation, les prélèvements sont emmenés au laboratoire où une observation au microscope puis une analyse ADN permettent de déterminer l'espèce.

Ces études sur les coraux sont primordiales pour les populations côtières, indique Laetitia Hedouin. "Le corail est à la base de l'écosystème coralien. Il est une sorte d'habitat en trois dimensions, où on va avoir des milliers d'organismes qui vont se cacher, se reproduire, notamment les poissons." Et de préciser l'importance des poissons, "essentiels pour les populations locales qui pêchent beaucoup" et qui sont donc très dépendantes des ressources abritées par les récifs coraliens.

Pendant les neuf prochains mois, l'expédition Under the Pole visitera les cinq archipels de la Polynésie française. Elle établira un inventaire détaillé des coraux profonds, pour mieux les comprendre et donc mieux les protéger.

Bastien Confino/ebz

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