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La paresse serait un penchant naturel fermement ancré dans notre cerveau

Des chercheurs genevois ont étudié le décalage entre l'intention de faire du sport et le passage à l'acte. [AFP - Klaus Ti / Image Source]
La paresse serait un penchant naturel fermement ancré dans notre cerveau / La Matinale / 2 min. / le 19 septembre 2018
Pour nos ancêtres, éviter les efforts superflus était une question de survie. Des chercheurs genevois ont constaté que le cerveau humain doit mobiliser des ressources importantes pour contrer cette tendance devenue inutile.

L'équipe de Boris Cheval, chercheur à l’Université de Genève (UniGE), aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et dans le Pôle de recherche national LIVES, avec des confrères belges et canadiens, a étudié l’activité neuronale de 29 personnes. Leurs travaux sont publiés dans la revue Neuropsychologia.

Les participants - sélectionnés pour leur désir de faire davantage d'exercice - devaient ensuite choisir entre l’activité physique et la sédentarité, pendant que les chercheurs sondaient leur activité cérébrale à l’aide d’un électroencéphalogramme muni de 64 électrodes.

Héritage de l’évolution

Confrontés au choix virtuel - sur un écran - de diriger un petit bonhomme vers des activités physiques ou sédentaires, ils ont mis significativement plus d'empressement à aller vers les activités sportives. Cette tendance est ainsi conforme à leurs intentions déclarées de faire plus de sport.

Mais pendant ce temps, les chercheurs ont découvert que l'électroencéphalogramme montrait une intense activation dans les zones du cerveau liées à l'inhibition des tendances naturelles et à la gestion de conflit. C'est le signe d'un gros dilemme interne, note Boris Cheval.

"La minimisation de l’effort était capitale pour l’espèce humaine au cours de l’évolution. Cette tendance à l’économie et à la conservation des ressources augmentait les chances de survie et de reproduction", commente Boris Cheval.

Encourager l'activité physique

"Mais aujourd'hui, nos sociétés modernes rendent cette optimisation énergétique caduque. Il faudrait au contraire encourager l’activité physique au lieu d’offrir des tentations à en faire moins, comme les escalators ou les ascenseurs", poursuit le chercheur.

Il s’agirait par exemple de modifier l’espace public pour réduire les opportunités des individus de s’engager spontanément dans des comportements associés à une minimisation de l’effort, selon lui.

Environ 30% des adultes et 80% des adolescents n’atteignent pas le niveau minimal d’activité physique quotidien recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour demeurer en bonne santé, relève l’Université de Genève.

ats avec Lucia Sillig/dk

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