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Les éléphants d'Afrique craquellent leur peau pour se refroidir

L'éléphant africain est vénéré mais aussi menacé. L'animal stupéfie les scientifiques avec une découverte sur sa peau.
L'éléphant africain est vénéré mais aussi menacé. L'animal stupéfie les scientifiques avec une découverte sur sa peau. / 19h30 / 2 min. / le 2 octobre 2018
Les rides apparentes des éléphants d'Afrique ne sont pas que de simples plis. Selon des biologistes de l'Université de Genève, elles présentent aussi des crevasses servant à absorber l'eau pour réguler leur chaleur corporelle.

Quelle est la différence entre un éléphant d'Asie et d'Afrique? La taille des oreilles, diront la plupart. Oui, mais pas seulement. La structure de leur peau est également distincte, selon des chercheurs de l'UNIGE et de l'Institut suisse de bioinformatique (SIB), dont l'étude est publiée mardi dans la revue Nature Communications.

La peau de l'éléphant d'Afrique est couverte de rides bien visibles. Mais à y regarder de beaucoup plus près, leur peau est également tapissée de canaux minuscules de moins d'un dixième de millimètre d'épaisseur et profonds d'environ un milimètre. Ils sont liés les uns aux autres pour former un réseau polygonal, dont l'aspect ressemble à s'y méprendre aux fissures qui se forment dans de la boue desséchée.

Gros plan sur le front d'un éléphant d'Afrique, photographié en Afrique du Sud. [UNIGE - Michel Milinkovitch]
Gros plan sur le front d'un éléphant d'Afrique, photographié en Afrique du Sud. [UNIGE - Michel Milinkovitch]

Eviter la surchauffe

Ces crevasses profondes servent à la régulation de la chaleur corporelle des pachydermes africains, dépourvus de glandes sécrétant la sueur. Grâce à ces crevasses profondes, "la peau de l'éléphant d'Afrique peut stocker jusqu'à dix fois plus d'eau qu'une peau lisse", explique à la RTS Michel Milinkovitch, professeur au Département de génétique et évolution à l'UNIGE.

L'eau qui s'infiltre est stockée dans ces crevasses et permet à l'animal de se refroidir durant de longues heures, voire des jours, par évaporation. Si la peau de l'éléphant d'Afrique avait été lisse, ce dernier aurait rapidement surchauffé dans un environnement chaud et sec.

>> Voir en vidéo l'infiltration de l'eau dans le réseau de crevasses de la peau d'un éléphant :

Infiltration de l'eau dans la peau de l'éléphant.
Infiltration de l'eau dans la peau de l'éléphant. / Info en vidéos / 31 sec. / le 2 octobre 2018

Les différences d'oreilles et de peau sont liées

Quelle différence entre la peau des éléphants d'Asie et d'Afrique? Dans les deux cas, la peau n'est pas lisse, mais formée sur une surface micro-vallonnée, avec des pics et des vallées. La seule différence pour l'éléphant d'Asie est que son épiderme ne s'épaissit pas autant que chez l'éléphant d'Afrique. Il ne casse donc pas.

La raison de cette divergence s'explique par l'adaptation à son environnement, souligne Michel Milinkovitch: "Dans un climat moins chaud et plus humide, le refroidissement par évaporation est beaucoup moins efficace", souligne le scientifique.

La différence de taille des oreilles des pachydermes est donc liée à celle de la peau. L'éléphant d'Afrique contrôle en partie sa température au moyen de ses oreilles, par lesquelles il évacue de la chaleur. "Mais si la température est trop élevée à l'extérieur, cela marche mal. La seule manière de se refroidir efficacement dans un environnement chaud et sec est par évaporation", poursuit le scientifique.

Similaire à une pathologie cutanée humaine

La peau de l'éléphant d'Afrique présente une forte similitude avec une pathologie humaine: l'ichtyose vulgaire, ou commune.

Une personne atteinte d'ichthyose. [DR]
Une personne atteinte d'ichthyose. [DR]

Il s'agit d'un trouble cutané génétique très fréquent, touchant environ une personne sur 250. Le syndrome provoque un dessèchement de la peau. Ce trouble se traite toutefois facilement à l'aide de crèmes cutanées.

L'épiderme des personnes affectées par ce syndrome s'épaissit, car leur système d'élimination des cellules mortes est déficient, comme chez les éléphants africains. La peau finit donc par craquer, même si sa structure géométrique lisse est différente de celle des éléphants, qui est micro-vallonée.

Si des études valident ces similarités, cela démontrerait que des mutations génétiques similaires, apparues indépendamment chez l'homme et l'éléphant d'Afrique, se seraient révélées défavorables chez l'un et hautement utile chez l'autre, se réjouit le professeur de génétique et évolution.

Les scientifiques ignorent pour l'heure s'il existe d'autres espèces d'animaux avec un système cutané similaire. "Nous aimerions analyser d'un oeil attentif des espèces telles que le rhinocéros".

Feriel Mestiri

Sujet traité dans le journal horaire de 16h du 2 octobre 2018 sur RTS La Première.

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