De cette étude, dont le but est de déterminer la manière et la fréquence d'utilisation d'internet auprès de cette population, il ressort que 38% des répondants estiment être des cyberaddicts - ou dépendant à internet - dont 13% disent s'en inquiéter. L'étude n'a noté que peu de variations entre les différentes tranches d'âge des jeunes interrogés (de 15 à 35 ans) qui s'auto-évaluent cyberdépendants.
Quatre personnes sur 10 ont par ailleurs affirmé connaître un cyberdépendant dans leur entourage.
La cyberdépendance, un sujet de conversation
La cyberaddiction apparaît comme un sujet de société qui préoccupe passablement les répondants (67%). Un tiers d'entre eux évoquent "souvent" ou "parfois" la déconnexion d'internet avec leurs proches, un autre tiers le fait "rarement", alors qu'un tiers n'abordent "jamais" ce thème. Ceux qui se définissent comme cyberdépendants en parlent un peu plus régulièrement que les autres.
Dans les faits, seulement la moitié des sondés admettent se déconnecter "souvent" ou "parfois". A l'inverse, 39% le font "rarement", et 10% "jamais". Un tiers des répondants décrivent par ailleurs leur déconnexion comme "obligée": en cours, dans l'avion, etc.
"Comme une drogue"
Quelles sont les potentielles conséquences néfastes d'une addiction à internet? Tout d'abord de lire tout et n'importe quoi sur le web, répondent les sondés (8 sur 10). Ils sont nombreux également (deux tiers) à penser qu'internet les empêche "souvent" ou "parfois" de consacrer du temps à leurs obligations. La moitié compare même internet à une "drogue", qui les empêche de dédier du temps à d'autres activités qu'ils aiment, les pousse à s'isoler socialement et passer moins de temps avec leurs proches.
Près de la moitié font également état de troubles du sommeil "parfois ou "souvent", liés à leur utilisation d'internet.
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WhatsApp et Youtube en tête
Parmi les fonctionnalités d'internet les plus chronophages, les sondés citent le service de messagerie WhatsApp, la chaîne de vidéo Youtube, les plateformes de films ou séries comme Netflix, suivis des réseaux sociaux Instagram et Facebook.
Si les applications pour la gestion du temps sont connues par près de la moitié des répondants (44%), ils ne sont que 18% à en avoir installé une. Autre réponse aux problèmes avérés d'addiction, les centres d'aide sont méconnus pour les deux tiers de la jeune population romande. Quasiment tous les jeunes interrogés (9 sur 10) estiment que c'est plutôt un sujet de société dont il faut parler davantage dans les médias, à l'école ou à la maison.
Katharina Kubicek
Méthodologie et échantillon
L'étude a été menée sur internet par l'institut MIS Trend pour le compte de Couleur 3 auprès de 508 Romands, âgés de 15 à 35 ans, entre le 3 et le 8 octobre. La marge d'erreur maximale est de +/- 4,4%.
"Il y a une situation de grand vide existentiel aujourd'hui"
Interrogé dans la matinale de La Première, le psychiatre et spécialiste des addictions Jacques Besson explique pourquoi beaucoup aimeraient bien se déconnecter mais n'y arrivent pas.
"C'est une question de société", souligne-t-il. "Aujourd'hui, les valeurs, les grands mythes, ce qui fait avancer les gens, ce qui les motive à construire le monde s'est évaporé."
Il y a en conséquence une grande situation de vide existentiel que les gens cherchent à le remplir. "Dans le fond, le virtuel, c'est la présence de l'absence. C'est une espèce d'ambiguïté dans le monde virtuel, qui remplit sans remplir, parce que le superflu ne comble pas le manque."
>> Regarder l'interview de Jacques Besson dans la Matinale de La Première: