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Des molécules de pesticides persistent de longs mois dans le miel

L’Université et le jardin botanique de Neuchâtel passent les miels à la loupe.
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Néonicotinïdes dans les miels du monde… premiers résultats / CQFD / 6 min. / le 20 février 2019
Certains néonicotinoïdes ne se dégradent pas et persistent jusqu'à 40 mois dans le miel, selon une étude neuchâteloise. Les chercheurs s'inquiètent de la longue stabilité de ces molécules pour la santé des abeilles et des humains.

"Si des néonicotinoïdes - classe de produits chimiques employés comme insecticide - sont rapportés à la ruche avec le nectar, cela signifie que l’ensemble de la colonie, y compris la reine, est exposée durant toute une vie à des neurotoxiques", explique Blaise Mulhauser, directeur du Jardin botanique de la Ville de Neuchâtel et co-auteur de l'étude.

Pourtant considéré comme un havre non traité, le Jardin botanique neuchâtelois n'est pas épargné, à l'instar de plantes sauvages d'autres régions. "On se rend compte aujourd'hui que quelle que soit la source de nourriture des abeilles, il y a une moyenne de contamination généralisée en néonicotinoïdes, non plus seulement dans les plantes cultivées du Plateau mais également dans les plantes sauvages", indique Blaise Mulhauser.

Impact encore inconnu

De même, le miel destiné à la consommation humaine conservera une concentration identique de pesticides durant de nombreux mois, précise Edward Mitchell, professeur de biologie à l’Université de Neuchâtel (UniNE) et co-auteur de l’étude.

"Bien que pour l’instant seuls quelques échantillons analysés dépassent les normes en vigueur pour la consommation humaine, nous ne savons pas encore bien quel impact ces substances ont sur la santé humaine à long terme", note le professeur, cité mardi dans un communiqué de l'alma mater neuchâteloise.

ats/sd/kkub

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Prouesse technique dans la détection

Côté quantification de molécules, la Plateforme neuchâteloise de chimie analytique (NPAC) a réalisé une prouesse: détecter une concentration de 2 picogrammes d’une substance par gramme de matière, soit l’équivalent d’une masse d’une pièce de cinq centimes dans une masse égale à 9 fois celle de la tour Eiffel.

Le gain de sensibilité jusqu’à 1000 fois supérieur aux méthodes utilisées précédemment permet de mieux détailler les niveaux de pesticides présents dans l’environnement.

Taux maximaux

"Les taux maximaux autorisés pour la consommation humaine sont de l’ordre de 50'000 pg/g, alors que la santé des abeilles et d’autres insectes bénéfiques pour l’homme est affectée à partir de 100 pg/g. Cela représente tout de même des milliards de molécules dans le cerveau d’une abeille", observe Edward Mitchell.

Les maux des abeilles sont semblables à ceux des êtres humains exposés de manière soutenue à ces molécules: malformation des embryons, taux de mortalité élevé des larves, baisse de fertilité de la reine, et chez les ouvrières, une perte de mémoire et de perception géolocalisée (abeilles qui ne retrouvent plus le chemin de la ruche).