Organisée par les membres du groupe Youth for climate (Jeunes pour le climat), cette grève montre l'efficacité de ce qu'on appelle la "communication engageante", qui finit par convaincre la population de passer à l'action.
On théorisait davantage les choses il y a vingt ans en matière de communication climatique, mais aujourd'hui on passe plus facilement à la pratique. Cette évolution est liée notamment à l'urgence répétée sans cesse par les scientifiques, qui a plus que jamais le pouvoir de rassembler.
Une question devenue saillante grâce au GIEC
Car certains acteurs ont une plus grande capacité que d'autres à créer des formes organisationnelles - internationales, nationales, locales - qui communiquent entre elles, constate Françoise Bernard, professeure en Sciences de l'information, mercredi dans La Matinale. "Cela a été le cas autour du climat grâce notamment au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ou d'autres dispositifs organisationnels institutionnels qui ont fait que la question est devenue saillante."
Les communicants issus de la société civile sont eux aussi de plus en plus nombreux à défendre le climat. La militante suédoise de 16 ans Greta Thunberg en est l'un des exemples les plus notables. C'est le cas aussi des auteurs de la pétition aux deux millions de signatures baptisée "L'affaire du siècle", qui déposeront jeudi un recours judiciaire pour inaction face au changement climatique. On peut évoquer aussi les 50'000 personnes qui sont descendues dans les rues de 14 villes de Suisse le 2 février dernier.
Faire prendre conscience sans culpabiliser
Pour qu'une communication environnementale soit réussie, il faut faire preuve de précision car le message est parfois complexe. "Une bonne communication, c'est une communication qui arrive à faire prendre conscience aux gens d'un enjeu précis, daté, réel, dont on perçoit vraiment les conséquences, sans ni vous tétaniser, ni vous culpabiliser", explique le professeur Dominique Bourg de l'Université de Lausanne.
Et il ne faut surtout pas se taire. "Les gens nous reprocheront de ne pas l'avoir dit", souligne le philosophe. "L'autre danger, c'est de faire croire aux gens qu'il n'y a pas d'efforts à faire."
Mais pour la conseillère nationale vert'libérale Isabelle Chevalley, une communication climatique est réussie aussi parce qu'elle rassure. "Il faut être positifs avec les solutions en disant aux gens: 'on ne vous demande pas de vous priver de tout, on vous demande d'évoluer. On ne veut pas faire une révolution, on veut faire une évolution et vous pouvez être acteurs de cette évolution.' Et c'est ce message-là qu'on essaie de faire passer.
Impossible d'avancer sans les citoyens
Aujourd'hui, les scientifiques, les climatologues, les politiciens peuvent compter sur une société civile surmotivée et très expressive. "En matière de communication climatique, l'erreur serait de croire que l'on peut avancer sans engager les citoyens de tous les âges, de toutes les catégories socio-professionnelles", souligne la spécialiste en communication environnementale Françoise Bernard. "L'erreur serait de croire que la solution est une solution d'ingénierie, scientifique, uniquement de décisions publiques. Non, l'engagement se mesure en actes et pas simplement en convictions."
L'objectif final de la communication engageante est de parvenir à créer dans la durée des comportements écocitoyens.
Natacha Van Cutsem/oang