Le groupe de recherche qui constitue cette chaire entend contribuer de manière décisive à définir, mais aussi à formuler les problèmes qui touchent notre environnement.
Une vision éthique de la problématique
Réductions des émissions, mécanismes de compensation ou lutte contre le réchauffement sont autant de thèmes qui peuvent générer des conflits. Ces problèmes sont souvent abordés avec une vision scientifique, mais ils peuvent maintenant l'être sous l'oeil de l'éthique.
C'est en tout cas l'ambition affichée par l'Université de Fribourg, avec sa nouvelle chaire en humanités environnementales. Filière d'études unique en Suisse sous cette forme (il existe notamment un groupe de recherche sur les humanités environnementales à l'Université de Lausanne), elle se veut un lieu de recherche et de formation interdisciplinaire pour les questions qui touchent à l'environnement. C'est dans ce contexte qu'intervient la notion d'éthique du climat.
On n'a désormais plus de doutes sur les causes humaines du réchauffement climatique et il faut donc réfléchir maintenant aux manières de réagir à cette situation, explique Olivier Graefe, professeur de géographie humaine au Département des géosciences de l'Université de Fribourg, lundi dans La Matinale.
L'importance de la justice environnementale
"Il faut penser aux décisions politiques qu'il faut prendre, avec quelles conséquences sociales et économiques. Et avec ces décisions politiques, il faut aussi réfléchir à des aspects comme la justice environnementale parce que tout le monde ne sera pas affecté de la même manière par ces décisions politiques."
Car chaque solution technique - en matière de lutte contre le réchauffement ou de protection de l'environnement - a des conséquences, souligne l'ancien président de l'interface des sciences de l'environnement de l'Université de Fribourg. "Et ces conséquences ne seront pas distribuées de manière égale dans toutes les couches sociales, dans toutes les régions. Il faut donc aussi réfléchir aux problèmes d'équité, d'égalité des avantages et des désavantages que chaque solution technique peut amener."
Cette nouvelle chaire a pour ambition d'apporter des réflexions et de soutenir les décideurs politiques, les autorités et les citoyens "à prendre en considération toutes les conséquences que les décisions - par exemple sous forme de votations - peuvent amener."
Romaine Morard/Pierre-Etienne Joye/oang
Les humanités environnementales, une branche récente
La chaire en humanités environnementales de l'Université de Fribourg, dont le professeur titulaire est Yvo Wallimann-Helmer, est née en octobre 2018 sur la base du constat qu'il n'existait rien ailleurs dans ce domaine en Suisse.
Les humanités environnementales sont une branche récente (moins de 10 ans), développée en Australie et en Scandinavie, puis en France et dans les pays anglo-saxons.
L'objectif est de renforcer la contribution des sciences sociales et humaines à la gestion des problèmes touchant à l'environnement.
La chaire repose sur une collaboration entre plusieurs facultés (sciences, lettres, droit, économie, théologie). L'Université de Fribourg projette de lancer un Master en sciences de l’environnement avec une spécialisation en humanités environnementales, en première suisse, à l’automne 2020. Un cursus de bachelor major devrait être introduit dans un deuxième temps.