Le programme de l’ONU pour l’environnement (ONU Environnement) a présenté mardi à Genève un rapport - financé par la Suisse - sur l’extraction et l’utilisation de sable et de gravier, dont la demande mondiale atteint aujourd'hui 40 à 50 milliards de tonnes par an, soit 18 kilos par personne et par jour. Cette consommation a contribué à la diminution de plages et d'aquifères, à la pollution, et à des inondations ou sécheresses.
"Le sable se renouvelle de manière très lente sur l'échelle géologique et nous l'utilisons deux fois plus rapidement qu'il ne se renouvelle", explique le directeur exécutif de la base de données des ressources mondiales à Genève d'ONU Environnement (GRID-Genève) Pascal Peduzzi, mercredi dans l'émission Tout un monde. "Et avec une population qui augmente, surtout en Afrique et en Asie [Chine et Inde en particulier], cela va nécessiter une mise à niveau des infrastructures avec une demande croissante en sable et en gravier."
Une ressource "totalement stratégique"
Le sable est donc un élément fondamental du développement humain. "C'est là-dessus que l'on base toute notre infrastructure. Routes, bâtiments, aéroports, n'importe quelle infrastructure est construite avec du béton actuellement, principale source de matériel de construction", rappelle ce professeur à l'Université de Genève.
Mais ce n'est pas tant la consommation de sable et gravier que son impact sur l'environnement qui préoccupe l'ONU. "Si ce n'est pas bien légiféré et encadré, on peut avoir des impacts absolument phénoménaux sur l'environnement. Et c'est ce qu'on observe dans certains pays", poursuit Pascal Peduzzi. Il y a donc un besoin urgent d'encadrer la consommation de sable, "ce matériel totalement stratégique", à l'échelon mondial.
Lutter contre "les mafias du sable"
ONU Environnement veut également lutter contre "les mafias du sable" évoquées dans son rapport. "C'est une manière très facile de gagner de l'argent et donc, dans certains pays et en Inde notamment, des mafias extrêmement bien organisées ont vu le jour pour vendre ce sable", relève le directeur du GRID-Genève. "Il faudrait que les gouvernements identifient les sources de sable et de gravier avant de planifier l'infrastructure, et avoir ensuite une certaine traçabilité de cette ressource, afin d'éviter justement qu'elle soit prise de manière sauvage dans n'importe quel écosystème."
L'ONU veut travailler avec LafargeHolcim
Le programme souhaite également que l'ONU se rapproche du groupe franco-suisse LafargeHolcim - un dialogue considéré comme crucial "étant donné l'importance" de cette entreprise dans la branche.
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/oang