La Terre est un système si complexe qu'il est difficile de prédire de combien monteront les océans à cause du réchauffement climatique d'ici la fin du siècle. La dernière estimation de référence, réalisée par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en 2014, estimait le pire des scénarios à juste en dessous d'un mètre d'élévation du niveau des océans à la fin du 21e siècle, par rapport à la période 1986-2005.
Probabilité d'un scénario plus grave
L'étude publiée lundi dans les comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS) ne contredit pas ce scénario possible, mais prévient qu'il existe une probabilité non négligeable que la hausse soit plus grave: leur prédiction médiane est de 69 cm dans un schéma optimiste, et de 111 cm dans la trajectoire actuelle, par rapport à 2000.
Le scénario optimiste est un réchauffement de la planète de seulement 2 degrés par rapport à l'époque préindustrielle (fin du 19e siècle). Mais la Terre s'est déjà réchauffée d'environ 1 degré depuis cette époque et le scénario pessimiste des scientifiques est un réchauffement de 5 degrés. Cela correspond à la trajectoire actuelle, non infléchie, des rejets de gaz à effet de serre par les activités humaines.
Une hausse des températures de 5 degrés envisagée
Et l'amplitude possible de la montée des océans, selon les experts ayant participé à l'étude, est très grande: même si l'humanité parvenait à limiter la hausse de la température du globe à 2 degrés, la montée pourrait varier entre 36 et 126 cm. Et en cas de hausse de 5 degrés, il existerait un risque de 5% que la hausse dépasse 238 cm.
L'étude est un assemblage des estimations de 22 experts des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique. Car la fonte de ces glaces est l'un des facteurs principaux de la montée des eaux, avec les glaciers (rivières de glaces) et l'expansion thermique des océans (l'eau chaude gagne en volume) - mais elle est aussi la plus imprévisible, et c'est là que les modèles d'experts ont progressé ces dernières années.
Jusqu'à 187 millions de déplacés
"Nous concluons qu'il est plausible que la montée du niveau des mers dépasse deux mètres d'ici 2100 dans notre scénario de haute température", écrivent les auteurs. Cela se traduirait par la perte de 1,79 million de kilomètres carrés de terres, et le déplacement de 187 millions de personnes, selon eux.
"Une montée des mers de cette ampleur aurait des conséquences profondes pour l'humanité", avertit l'auteur principal, Jonathan Bamber, professeur à l'université de Bristol.
afp/oang