Prendre l'avion est devenu pour certains synonyme de crime contre la planète. En témoignent les pancartes des manifestants pour le climat de ces derniers mois. Parmi ces jeunes, certains se disent même prêts à renoncer définitivement à l'avion pour leurs vacances. En Suède, on a donné un nom au phénomène: le "flyg skam", littéralement la honte de l'avion.
Et pour cause. D'après les chiffres de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), le trafic aérien serait à l'origine de 10% des émissions de gaz à effet de serre de la Suisse.
>> Lire : L'aviation est à l'origine de 10% des gaz à effet de serre émis par la Suisse
Quelle différence en termes de bilan carbone si on remplaçait nos trajets de loisirs en avion par d'autres moyens de transport? Toutes les alternatives s'avèrent-elles meilleures que le trafic aérien? Test grandeur nature dans le 19h30 avec deux destinations: Inverness au nord de l'Écosse, puis Athènes en Grèce.
Une tonne de CO2 par année pour respecter les accords de Paris
Première constatation, effectuer ces deux déplacements relativement courts en avion n'est pas anodin pour le climat. "D'après mes calculs, un vol aller-retour à Inverness représenterait 600 kg de CO2, et pour Athènes, 700 kilos", détaille à la RTS Denis Bochatay, spécialiste des bilans carbone chez Quantis.
"Si on veut atteindre les objectifs des accords de Paris, c'est-à-dire de ne pas réchauffer le climat de plus de 1,5 degré, on devrait se limiter à environ une tonne de CO2 par année par personne tout compris. Avec ces deux vols, on dépasse donc déjà tout notre crédit pour une année", analyse le consultant.
Comme alternative, direction l'Écosse en train en passant par Paris. Puis Londres avec le tunnel sous la Manche, et finalement un train de nuit jusqu'en Écosse. Bilan de Lausanne au centre d'Inverness: une vingtaine d'heures de voyage contre un peu plus de 6, escale comprise, pour le même déplacement en avion. Côté budget, le voyage en train coûte entre 350 et 500 francs en fonction de la cabine choisie dans le train de nuit, et dès 250 francs en avion.
"Tous les moyens de transport vont avoir un impact environnemental"
Pour la Grèce, on saute dans le train jusqu'à Ancône en Italie, puis le ferry jusqu'à Patras en Grèce, avant de rallier Athènes en bus. Résultat: de Lausanne au centre d'Athènes, 33 heures de déplacement par voie terrestre contre moins de 6 heures d'avion. Pour le budget, le voyage est possible dès 320 francs en ferry – jusqu'au double suivant la taille de la cabine – et dès 340 en avion.
Si le prix peut s'avérer avantageux, les fumées noires des ferries soulèvent une autre question. Ces bateaux de 11 étages polluent-ils moins que l'avion? Pour Denis Bochatay, la réponse est claire: "En choisissant le train et le ferry, on divise environ par 5 l'empreinte carbone de ces voyages. Tous les moyens de transport vont avoir un impact environnemental. Mais, si on considère l'empreinte carbone, notamment les émissions de CO2 qui réchauffent le climat, l'avion émet largement plus que tous les autres modes."
En choisissant des transports alternatifs, on passe donc au final de 600 à 120 kilos de CO2 pour le voyage en Écosse et pour la Grèce de 700 kg à 140. Soit loin des 1000 kilos recommandés par année.
Céline Brichet