L'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) a mené, entre 1994 et 2017, une vaste étude de suivi des déchets marins méditerranéens. Et "si leur quantité fluctue chaque année, elle affiche néanmoins une augmentation globale depuis 2009", a-t-il annoncé cette semaine.
Les plastiques avant tout
L'Ifremer cite notamment la présence de sacs et bouteilles plastiques, canettes métalliques et emballages alimentaires, cordes synthétiques et filets de pêche ou encore vêtements. Mais à lui seul, le plastique représente plus de 60% de ces déchets.
"Ce sont principalement des plastiques à usage unique, c'est-à-dire des emballages, des produits de consommation, des pailles, des bouteilles", explique l'un des auteurs de cette étude, François Galgani, dans le 12h30. Avec en plus, précise l'océanographe de l'Ifremer, "une fragmentation qui fait qu'il peut y avoir des microplastiques également. Et depuis peu, on sait qu'il y a des zones d'accumulation en profondeur."
Macro-déchets sur près de 90% de la surface étudiée
La densité de ces déchets a par ailleurs triplé depuis 1990, selon les constats de l'Ifremer. Elle fluctuait à l'époque autour de 100 déchets par km2, mais se situe plutôt en 2012 autour de 200 déchets par km2 avec un maximum de près de 300 atteint en 2015. L'institut explique cette hausse par une augmentation de la production de plastique sur la période, mais aussi un recensement plus systématique.
Ces macro-déchets ont été détectés sur près de 90% de la surface échantillonnée dans les deux zones d'étude: le golfe du Lion et la côte orientale corse. Cela fait dire aux scientifiques que la Méditerranée est la mer européenne la plus polluée par les déchets. Dans une étude comparable menée en mer du Nord, les densités annuelles restaient inférieures à 50 déchets par km2.
oang avec Pauline Rappaz et afp
Risques d'accidents en bord de mer
Si la pollution marine est très néfaste pour l'environnement, elle présente aussi des risques directs pour les êtres humains.
"Sur le littoral et surtout sur les plages, il y a un risque d'accident entre les morceaux de verre, les objets divers, les contenus également de certains objets comme des molécules chimiques, des médicaments, des seringues", explique l'océanographe François Galgani. "Et les incidents, voire les accidents, sont fréquents", souligne-t-il.
"Dans les zones de forte plaisance, il y a beaucoup d'incidents de navigation, comme des filets qui se prennent dans les hélices des moteurs. Cela se chiffre par centaines chaque année", ajoute le scientifique.
L'UE sur la bonne voie avec sa directive
L'Union européenne a décidé il y a quelques mois de bannir, dès 2021, les produits en plastique à usage unique.
"Je pense qu'on est sur la bonne voie, parce que c'est une directive qui est vraiment dédiée à ce type de pollution", analyse François Galgani.
"Il faudra un peu de temps pour en voir les effets, mais on devrait voir une baisse significative assez rapidement."