Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) doit publier jeudi prochain un rapport spécial consacré au "changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres". Ce texte sera l'analyse scientifique la plus complète à ce jour sur le sujet.
Les experts de l'ONU doivent répondre à une question cruciale pour la survie de l'humanité: comment nourrir une population toujours plus importante sans détruire la nature?
Le document de 1200 pages devrait mettre en avant la façon dont l'alimentation industrielle, du producteur au consommateur, l'exploitation généralisée des ressources, voire certains efforts pour contrer les effets du réchauffement climatique, compromettent notre capacité à nous nourrir à l'avenir.
Surpoids et gaspillage alimentaire
Il devrait aussi dresser le tableau d'une société où deux milliards d'adultes sont en surpoids ou obèses et où des quantités importantes de nourriture sont jetées, quand la faim affecte des millions de personnes à travers le monde.
Alors que la population devrait frôler les dix milliards d'individus au milieu du siècle, contre 2,6 milliards en 1950, la crainte existe que le système atteigne ses limites.
L'usage des terres trop longtemps négligé
Ce rapport sera aussi l'occasion de mettre en lumière l'importance d'un usage optimal des terres, un aspect longtemps négligé selon les experts. L'agriculture et la déforestation représentent ainsi environ un quart des émissions des gaz à effet de serre. L'agriculture utilise un tiers de toutes les terres émergées et les trois quarts de l'eau douce sur la planète.
Désertification et forêts détruites
Le rapport abordera aussi les questions de désertification et la dégradation des habitats par l'agriculture, avec une surface de forêt tropicale équivalente à une fois et demie la Suisse perdue chaque année.
Un autre point portera sur les arbitrages à faire entre l'usage des terres pour l'alimentation, le stockage de carbone via les forêts et la production d'énergie à partir de matière biologique. Il ne devrait pas oublier le sort des populations indigènes et des femmes, particulièrement exposées.
"Pas le moment de baisser les bras"
Les faits sont connus et les résultats sont alarmants, rappelle la climatologue Martine Rebetez dans le 19h30. "Le but d’un tel rapport, c’est de permettre de passer à l’action et de mesurer l’impact que cela aura sur le changement climatique", souligne la professeure à l’Université de Neuchâtel. "Chacun peut modifier ses activités et ses comportements, en particulier les Etats. On peut et on doit agir, il y a énormément de choses à faire. Ce n’est surtout pas le moment de baisser les bras, au contraire: de plus en plus on sait comment agir et il reste encore à le faire."
afp/oang