En général, les animaux nocturnes s'appuient davantage sur d'autres sens que la vue, en particulier pour des événements importants comme l'accouplement. Les couleurs iridescentes, qui changent selon l'angle de vue, concernent plutôt des papillons et colibris diurnes.
L'étude, publiée dans la revue Current Biology, a été réalisée par des chercheurs de l'Université d'Australie-Occidentale et de l'Institut Adolphe Merkle de l'Université de Fribourg. Elle est la première à démontrer ces effets chez une espèce nocturne, un papillon qui porte le nom de "piqueur de fruits", Eudocima Materna de son appellation scientifique latine. Ces effets optiques sont produits par des écailles particulières sur les ailes.
Des nanomatériaux très brillants
Selon les scientifiques, la nature fait ici appel à des nanomatériaux, dont les propriétés optiques dépassent en brillance les pigments habituels. "Les écailles sur les ailes du papillon agissent comme des miroirs colorés et lui donnent une apparence chatoyante". Le docteur Bodo Wilts, de l'Institut Merkle, précise: "Le pouvoir de ces nanostructures optiques est qu'elle peuvent courber la lumière à volonté. Cela résulte souvent en des effets qui ne pourraient pas être obtenus par des pigments".
Il est possible que le scintillement des ailes du mâle soit très attirant pour la femelle, selon cette recherche. La prochaine étape pour l'équipe de scientifiques consistera à étudier la parade nuptiale de ce papillon de nuit.
Evolution de la vue
Ces résultats sont "importants pour comprendre l'évolution de la vue", a ajouté l'Université de Fribourg. Les systèmes visuels des animaux, notamment la vision nocturne, surpassent de loin les possibilités humaines dans bien des cas.
Cela soulève des questions sur la manière dont les signaux visuels des animaux, destinés à être émis et reçus dans l'obscurité, se sont optimisés. Les résultats de futures études pourraient également "faire évoluer les technologies optiques", a encore expliqué l'institution fribourgeoise.
Sujet radio: Maurice Doucas
Adaptation web: Stéphanie Jaquet et l'ats