Cette évolution des sols dont la culture accélère le changement climatique fait craindre pour la sécurité alimentaire d’une partie de la population mondiale. C’est la principale conclusion du dernier rapport des experts de l’ONU sur le climat (GIEC), publié il y a quelques jours.
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L'une des solutions avancées par les scientifiques est une technique ancienne remise au goût du jour depuis dix ans en Suisse, l'agroforesterie, qui combine cultures et arbres dans le même périmètre. Les feuilles tombées fertilisent le sol, l'ombrage des arbres rafraîchit les cultures et leurs racines structurent la terre et limitent l’érosion.
Mais le retour de l'agroforesterie reste pour l'instant très timide: on parle d’environ 200 hectares en Suisse, soit 0,05% des sols cultivés.
Plus de matière organique pour les cultures
Ivan Thévoz, jeune agriculteur de Russy dans la Broye fribourgeoise, cultive un tiers de ses 14 hectares en agroforesterie depuis cinq ans. "Un sol agroforestier, c'est environ trois fois plus d'humus, donc de matière organique, sur le long terme", souligne-t-il jeudi dans La Matinale. "Et qui dit arbres dit aussi racines, micro-organismes, champignons. Il y a de la vie, donc la culture sous l'arbre va en profiter. L'arbre apporte aussi de l'ombrage. Cet été où il a fait très chaud, sous les arbres c'est plus frais."
Aujourd'hui, le Broyard a plusieurs demandes d'autres paysans qui veulent faire eux aussi de l'agroforesterie et souhaitent lui acheter des arbres. Pour l’instant, 45 agriculteurs romands - et une centaine dans toute la Suisse - pratiquent l'agroforesterie moderne, selon les chiffres de l’Association suisse pour le développement de l’agriculture (Agridea).
Pas de soutien spécifique
Mais cela requiert de la patience et le rendement des cultures peut diminuer. Et même si la Confédération propose des paiements agricoles directs dans le cadre de la promotion de la biodiversité, il n'y a pas de soutien spécifique pour les agriculteurs qui veulent se lancer dans l’agroforesterie.
Pauline Rappaz/oang