Un pays qui comptera bientôt 10 millions d'habitants, dont deux tiers de citadins, devra bien s'accommoder des constructions verticales. Sans pour autant s'élever comme Dubaï ou Tokyo, l'architecte lausannois Jacques Richter prône davantage de tours dans le paysage relativement plat de Suisse romande: "Il ne s'agit pas d'avoir tout à coup une vingtaine de tours les unes à côté des autres, mais quelques constructions verticales réussies qui ponctuent le paysage c'est une très bonne chose par rapport au problème de la densification".
Le désamour des Romands pour les tours
Mais les Romands peinent à s'élever en architecture. De nombreux projets n'ont jamais vu le jour, balayés par les votations comme la tour de 60 mètres du quartier de Bussigny, refusée dans les urnes en 2012.
Il y eut aussi la tour Taoua, 87 mètres censée dynamiser le quartier de Beaulieu à Lausanne, elle aussi refusée par le peuple en 2014.
Ce désamour ne date pas d'hier, le premier gratte-ciel de Suisse, la tour Bel-Air de Lausanne, a bien failli ne jamais voir le jour.
C'était en 1932 comme le rappelle Patrick Moser, commissaire de l'exposition sur les tours de Suisse romande, "De Bel-Air à Babel – Un rêve de grandeur": "Pendant deux ans, les opposants de la tour Bel-Air ont fait couler des litres et des litres d'encre dans les journaux: les arguments étaient esthétiques, sécuritaires, financiers et religieux aussi. On disait qu'il ne fallait pas construire plus haut que la cathédrale ça serait offenser Dieu".
Construire en sous-sol
Alors si les tours n'ont pas la cote, certains architectes et géologues proposent plutôt de construire en souterrain.
Pour Aurèle Jean Parriaux, géologue et professeur à l'EPFL, notre sous-sol est une richesse inexploitée: "Il faut davantage appréhender cette troisième dimension. Typiquement en déplaçant des grands magasins en profondeur – qui n'utilisent de toute façon pas la lumière du jour – on pourrait libérer de l'espace en surface pour construire des parcs et ramener de la biodiversité dans les villes".
Enfouir les surfaces commerciales, mais aussi les espaces récréatifs comme les patinoires, les casinos ou les salles de sport, serait donc pour ce géologue, l'une des réponses à la densification, mais aussi au changement climatique; un autre paradigme qui modifiera inexorablement la physionomie de nos villes.
Katia Bitsch/sjaq
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