"Les questions d'écologie sont extrêmement difficiles et complexes. Nous sommes en train de tomber dans une société de jeunisme délirant et ça n'est pas la solution. C'est aux adultes de sauver le monde qui vient, pas aux enfants", explique l'ancien ministre français de l'Education nationale sur les ondes de la RTS.
Si les principaux chefs d'Etat se retrouvent lundi à l'ONU pour un sommet dédié à l'urgence climatique, Luc Ferry ne s'en remet pas non plus aux hommes politiques. "Je ne crois pas une seconde à ce type de sommet. Ce ne sont pas les politiques qui vont changer le monde, mais les chefs d'entreprise. La balle est dans leur camp, notamment du côté des GAFA. Les politiques qui s'engagent, c'est bien gentil, mais ils s'engagent à quoi? Ils n'ont aucun pouvoir en vérité, ou très peu", assure-t-il.
Haine du libéralisme
Pour "sauver le monde", le philosophe français de 68 ans avance que la croissance verte - où développement de l'économie et protection de l'environnement vont de pair - est l'unique solution. "Le jour où les chefs d'entreprise comprendront qu'ils ont intérêt à fabriquer des produits dépolluants, nous irons dans le bon sens. C'est ça le véritable enjeu de l'écologie. Le reste, c'est de la blague", lance Luc Ferry.
L'écrivain estime par ailleurs que les écologistes "ont mis le doigt sur la question fondamentale, mais malheureusement l'écologie politique a été très largement le recyclage du vieux gauchisme des années 60, dans la haine du libéralisme et des démocraties libérales".
Club des optimistes
Pour Luc Ferry, l'écologie est devenue très largement politique. "Dans l'écologie politique, il y a une composante anti-moderne qui ne me convient pas. Il y a aussi une composante romantique, au sens du romantisme allemand, c'est-à-dire la nostalgie d'un monde perdu."
La nostalgie, très peu pour l'ancien ministre de Jacques Chirac, qui vient de publier son "Dictionnaire amoureux de la philosophie". "Je ne fais pas partie du club des intellectuels pessimistes, qui est très nourri en France avec mon ami Alain Finkielkraut ou encore Michel Onfray. Ils pensent que tout fout le camp et qu'on va dans le mur. Je pense exactement l'inverse. La révolution de l'intelligence artificielle, de la robotique et du digital peut entraîner des conséquences magnifiques", déclare Luc Ferry.
Propos recueillis par Xavier Alonso
Adaptation web: Guillaume Martinez