Le président Vladimir Poutine a réprimandé Vladimir Potanine, le patron du groupe Norilsk Nickel responsable de la catastrophe (lire encadré) et richissime oligarque.
"La progression des hydrocarbures a été stoppée. Ils ne vont plus nulle part" grâce au déploiement d'un barrage de confinement flottant, a déclaré un représentant du ministère russe des Situations d'urgence de la région de Krasnoïarsk, ajoutant que le pompage du carburant avait commencé.
"Des efforts sont faits pour éliminer la pollution", a poursuivi cette source, qui n'était pas en mesure de dire si cette progression a été stoppée sur la rivière Ambarnaïa ou sur le lac Piassino, ce qui serait beaucoup plus grave car ses eaux s'écoulent dans le fleuve du même nom, très important pour la région.
Réchauffement climatique
Le 29 mai, l'un des réservoirs de diesel d'une centrale thermique appartenant à une filiale du géant minier Norilsk Nickel s'est effondré, provoquant une fuite de 15'000 tonnes d'hydrocarbures dans le cours d'eau voisin et de 6000 tonnes sur le terrain environnant.
Selon Norilsk Nickel, le réservoir a été endommagé quand les piliers enfoncés dans le pergélisol qui le soutenaient "depuis 30 ans" ont commencé à s'enfoncer. Un accident qui pourrait être attribué à la fonte du sol gelé due au changement climatique. La Russie a ordonné vendredi dans ce contexte la révision de toutes les infrastructures à risque bâties sur le pergélisol en fonte.
Depuis l'époque soviétique
L'accident sur la rivière Ambarnaïa est considérée par les organisations écologistes et les autorités comme le pire accident dû aux hydrocarbures dans l'Arctique russe, région fragile où les exploitations minières gazières et pétrolières sont nombreuses et la pollution un problème croissant depuis l'époque soviétique.
"C'est un accident sans précédent par son ampleur", a dit vendredi Sevtalna Radionova, qui dirige le gendarme russe de l'environnement Rosprirodnadzor. La pollution est même visible depuis l'espace. Les agences spatiales européennes (ESA) et russe (Roskosmos) ont publié des images satellite de l'accident.
Secours difficiles
Les secours sont à pied d'œuvre pour tenter de limiter les dégâts, dans un contexte compliqué par les difficultés d'accès, la faible profondeur de la rivière empêchant par exemple les opérations en bateau, et le terrain marécageux au printemps.
Ils prévoient de pomper les hydrocarbures et de les stocker sur place dans des conteneurs adaptés en attendant l'hiver, lorsque le gel aura rendu le terrain plus praticable. Jusqu'ici, 200 tonnes ont pu être sorties des eaux.
Précédent
Lors d'une visioconférence partiellement consacrée à la catastrophe, Vladimir Poutine s'est entretenu avec le ministre des Situations d'urgences Evguéni Sinitchev et le patron de Norilsk Nickel, présent sur le site: "Pas un seul rouble du budget fédéral ne sortira", a promis Vladimir Potanine, estimant les coûts des opérations à 10 milliards de roubles (128 millions d'euros).
"Si vous aviez changé en temps et en heure (ce réservoir), il n'y aurait eu aucun dommage", a rétorqué Vladimir Poutine, qui a ordonné une "analyse approfondie des installations similaires dans tout le pays". Il a aussi demandé à ce que "tout soit fait pour restaurer l'environnement et la biodiversité" dans la zone polluée.
Norilsk Nickel, un des premiers producteurs mondiaux de nickel et de palladium, n'en est pas à son premier accident écologique: en 2016, une de ses usines avait déversé par accident des produits chimiques dans une rivière du grand Nord, la teintant déjà de rouge (voir image ci-dessous).
Un réservoir de diesel effondré
Le 29 mai, un réservoir de diesel d'une centrale thermique appartenant au géant minier Norilsk Nickel s'est effondré près de la ville arctique de Norilsk, provoquant une fuite de 15'000 tonnes d'hydrocarbures dans le cours d'eau voisin et de 6000 tonnes sur le terrain environnant.
Les piliers soutenant l'édifice ont cédé et le dégel du sous-sol apparaît comme une cause possible de la catastrophe. Celle-ci a été qualifiée de "sans précédent" dans la région, selon le gendarme de l'environnement Rosprirodnadzor.
La fonte du pergélisol – autre nom du permafrost – sous les effets du changement climatique est considérée en Russie comme un défi majeur car elle fragilise les villes et les infrastructures, notamment minières, gazières et pétrolières, bâties dessus depuis des décennies.
Le gouvernement russe considère ce dégel dans l'Arctique, où l'exploitation des ressources naturelles est une priorité stratégique du Kremlin, comme un risque majeur aux conséquences imprévisibles.
Autre cause possible de l'incident : l'organisme de contrôle des infrastructures Rostekhnadzor, cité par l'agence TASS, a indiqué n'avoir pas pu vérifier depuis 2016 l'état du réservoir, en exploitation depuis 35 ans, car Norilsk Nickel affirmait qu'il était en réparation.
afp/sjaq