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La banquise de l'Arctique pourrait disparaître bien plus vite que prévu

La nouvelle étude montre que le rythme de la hausse des températures dans l'Arctique est plus soutenu. [AP/Keystone - David Goldman]
La banquise de l'Arctique pourrait disparaître bien plus vite que prévu / Le Journal horaire / 30 sec. / le 18 août 2020
En Arctique, la banquise fond plus vite que les modélisations actuelles le prédisent, ont averti mardi des chercheurs de l'Université de Copenhague. Elle pourrait ainsi disparaître plus rapidement que les prévisions de la plupart des modèles climatiques.

"Nos analyses des conditions dans l'océan Arctique montrent que nous avons clairement sous-estimé le taux d'augmentation de la température dans l'atmosphère au plus proche du niveau de la mer, laquelle a finalement fait fondre la banquise plus rapidement que nous l'avions prévu", a expliqué Jens Hesselbjerg Christensen, professeur de climatologie, dans un communiqué de l'université danoise.

Rien de tel depuis le dernier âge de glace

Selon les auteurs de cette étude publiée récemment dans la revue Nature, la hausse exceptionnelle de la température observée actuellement dans l'Arctique n'a de précédent qu'une augmentation similaire lors du dernier âge de glace.

A cette époque, les températures sur la calotte glaciaire groenlandaise ont augmenté plusieurs fois, entre 10 et 12 degrés, sur une période de 40 à 100 ans.

Jusqu'à présent, les scientifiques fondaient leurs estimations sur une augmentation stable et lente des températures en Arctique. Mais la nouvelle étude montre que le rythme de la hausse est plus soutenu.

Changements soutenus en été

Cette image avait fait le tour du monde en juin 2019. [Danmarks Meteorologiske Institut/EPA/Keystone - Steffen M. Olsen]
Cette image avait fait le tour du monde en juin 2019. [Danmarks Meteorologiske Institut/EPA/Keystone - Steffen M. Olsen]

"Les changements se produisent si rapidement pendant les mois d'été que la banquise est susceptible de disparaître plus vite que la plupart des modèles climatiques ne l'ont jamais prédit", a prévenu Jens Hesselbjerg Christensen.

En juin 2019, une photo impressionnante de la fonte précoce des glaces prise dans le nord-ouest du Groenland avait fait le tour du monde. On y voyait des chiens de traîneau progressant péniblement dans un fjord dont la banquise était recouverte par cinq ou six centimètres de glace fondue. Face aux montagnes déneigées, l'attelage semblait marcher sur l'eau.

Fonte "irrémédiable" au Groenland

D'après une étude récente de l'Université de Lincoln, au Royaume-Uni, la fonte des glaces au Groenland devrait contribuer à hauteur de 10 à 12 cm à la hausse du niveau des mers d'ici 2100. D'autres scientifiques estiment que la fonte de la calotte glaciaire du Groenland est irrémédiable.

"Les glaciers du Groenland ont en quelque sorte franchi un point de non-retour, où les chutes de neige qui reconstituent la calotte glaciaire chaque année ne peuvent plus contrebalancer la glace qui s'écoule des glaciers vers l'océan", a expliqué lundi dans un communiqué l'Université d'Ohio State, où travaillent les auteurs de l'étude publiée par la revue Communications Earth and Environment, le 13 août.

Cette île de deux millions de km2 (près de quatre fois la superficie de la France) bordée aux trois quarts par les eaux de l'océan Arctique, est recouverte à 85% de glace.

"L'étude confirme les résultats de nombreuses autres études (...) selon lesquels la combinaison de la fonte et du détachement des icebergs explique la grande quantité de glace perdue du Groenland au cours des deux dernières décennies", résume Ruth Mottram, climatologue de l'Institut danois de météorologie (DMI), spécialiste de l'Arctique.

afp/oang

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