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"On doit être plus ambitieux dans la réduction des émissions de CO2"

L’invitée de la Matinale (vidéo) - Sonia Seneviratne, climatologue et professeure à l’ETH Zurich
L’invitée de la Matinale (vidéo) - Sonia Seneviratne, climatologue et professeure à l’ETH Zurich / La Matinale / 10 min. / le 8 septembre 2020
Spécialiste des événements climatiques extrêmes, Sonia Seneviratne était invitée mardi dans La Matinale. Selon la climatologue, la Suisse devrait chercher à atteindre sa neutralité carbone en 2040, et non en 2050 comme le veut le Conseil fédéral.

Considérée comme une pointure dans son domaine, Sonia Seneviratne, climatologue et professeure à l'Ecole polytechnique de Zurich, est spécialisée dans les événements climatiques extrêmes. La scientifique coordonne notamment cette question pour le prochain rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

Lorsque l'on veut prendre la température de la Terre en 2020, sa réponse est sans appel: "Chaque année qui passe, la situation empire parce qu'on continue à émettre plus de CO2. Le gaz carbonique reste des centaines, voire des milliers d'années dans l'atmosphère. Donc chaque fois qu'on émet plus de CO2, la température continue à augmenter".

"2030? Un objectif pas très ambitieux"

Le Parlement fédéral planche depuis lundi sur la loi CO2, son principal outil de protection du climat. Objectif, réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, pour atteindre zéro en 2050.

"Il y a de bonnes chances qu'on arrive à l'objectif de 2030. En soi, ce n'est pas un objectif très ambitieux, estime Sonia Seneviratne. Le problème c'est qu'on a pour but d'arriver à zéro d'ici 2050, ce qui nous donne 50% de chance de stabiliser la température à 1,5 degré. Si on avait voulu avoir de meilleures chances d'y arriver à une échelle globale, il aurait fallu viser 2040".

"2040", soit dix ans de moins que l'objectif de la Confédération. Est-ce réaliste? "C'est important que tous les pays qui en ont les moyens essaient de faire le plus d'efforts possibles. La Suisse en fait partie", affirme la climatologue.

Se fixer des buts à court terme

Mais en a-t-on réellement les moyens? "On parle quand même d'une urgence climatique. On a vu durant la crise du Covid qu'on a pu agir vite. C'est la même chose pour le réchauffement climatique, même si l'on parle d'une échelle de temps un peu différente", explique-t-elle.

Et d'exemplifier ses propos: "Je pense que c'est bien de se fixer des objectifs intermédiaires, en 2030, en 2040. Mais il serait aussi essentiel de se fixer des buts à court terme et voir quelles sont les étapes intermédiaires réalistes qui pourraient nous permettre de nous amener à une diminution conséquente des émissions de CO2. Dans certains domaines on pourrait déjà agir très vite. En Suisse, trois quarts de nos émissions viennent de la consommation du pétrole. Par exemple, il ne faudrait plus installer de chauffages à mazout. Idem pour les voitures thermiques qui devraient faire partie du passé".

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Jérémie Favre

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