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Pourquoi les villes doivent planter des arbres, mais de manière intelligente

Des marronniers bordant la plaine de Plainpalais à Genève. [Keystone - Martial Trezzini]
Arboriser les villes, oui, mais pas n'importe comment / La Matinale / 3 min. / le 30 novembre 2020
Paris, Milan, Genève ou Lausanne, de nombreuses villes misent désormais sur les arbres pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais il s'agit de ne pas faire n'importe quoi, avertissent des architectes et paysagistes.

Paris a décidé la création de cinq forêts urbaines, tout en abattant parallèlement de nombreux vieux arbres. Milan, de son côté, a annoncé la plantation de 3 millions de végétaux d'ici 2030, mais la plupart seront en pot et dans des espaces exigus.

Or, il ne suffit pas d'inonder les rues de verdure pour espérer faire baisser les températures. "Quand un maire annonce 30'000 ou 100'000 arbres dans une ville, ce n'est pas forcément une bonne nouvelle", relève lundi dans La Matinale l'architecte paysagiste Caroline Mollie, qui a travaillé pour le ministère français de l'Environnement.

Planter en qualité plutôt qu'en quantité

"Il n'est pas nécessaire de planter beaucoup, il est nécessaire de planter en qualité", explique-t-elle. "Un arbre bien planté avec une belle couronne sera efficace, alors que dix arbres plantés dans des bacs, sans terre pour développer leurs racines et sans espace pour développer leur couronne, seront totalement inefficaces", souligne encore cette spécialiste pour qui ce que l'on voit aujourd'hui, "c'est souvent du n'importe quoi".

Il y a pourtant urgence, car les villes doivent à tout prix lutter rapidement contre les canicules. Les arbres doivent jouer un rôle de climatiseur, avaler du C02, rejeter de l'oxygène et de la vapeur d'eau, mais ils ne peuvent remplir cette mission que s'ils sont plantés petits, en pleine terre. Et ils ne sont pleinement efficaces qu'après 20 ou 25 ans. Ce sera le cas des 100 arbres plantés dernièrement à Lausanne et des 500 spécimens mis en terre cet hiver à Genève (lire encadré).

Encore trop de "coups de tronçonneuse"

Les spécialistes insistent donc pour que les villes pensent surtout à préserver leur patrimoine existant. Car, selon l'architecte Monique Keller, les coups de tronçonneuse partent encore trop facilement, y compris en Suisse.

"Dans certaines villes aujourd'hui, on a tendance à se dire que ce n'est pas grave, on coupe des arbres (…) et on les remplace par de petits arbres. Or, il leur faut des années, voire des dizaines d'années, avant d'atteindre leur maturité et rendre les mêmes services que les arbres coupés", souligne la commissaire de la dernière édition de Lausanne Jardins.

"Evitons aussi d'élaguer, c'est absurde", poursuit-elle. "On réduit leur couronne et aujourd'hui on sait que c'est vraiment la masse des feuilles qui contribue à régénérer le climat dans les villes."

Des fosses trop petites sur les trottoirs

La Ville de Lausanne coupe et élague beaucoup moins depuis quelques années, mais elle butte contre un autre problème: les fosses de terre qui accueillent les nouvelles plantations sont beaucoup trop petites.

Conséquence: "On a des arbres beaucoup trop petits, qui ont du mal à se déployer", explique la municipale Verte Natacha Litzistorf, en charge de l'Environnement. "On réfléchit beaucoup à comment créer des fosses beaucoup plus grandes pour que l'arbre puisse développer ses racines, pour qu'il puisse aussi recueillir l'eau" de pluie.

Des sous-sols suroccupés

Tout se joue donc dans les sous-sols, qui sont pourtant déjà largement engorgés par toutes les canalisations venues s'ajouter au fil des ans (eau, électricité, téléphone, chauffage à distance, fibre optique…)

Et pour Monique Keller, il faudra "avoir une conscientisation au niveau de l'urbanisme" parce que "le sous-sol est grignoté de plus en plus, laissant de moins en moins de place aux arbres".

>> Ecouter aussi le sujet de l'émission Tribu :

La biodiversité au cœur de l'urbain. [Depositphotos - TxusLopez]Depositphotos - TxusLopez
La biodiversité au cœur de l'urbain / Tribu / 25 min. / le 30 novembre 2020

Céline Fontannaz/oang

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Genève va planter 500 arbres durant l'hiver

La nouvelle politique de gestion des arbres de la Ville de Genève se concrétise avec la période de plantation 2020-2021. Quelque 500 arbres supplémentaires viendront enrichir les parcs, les rues et les cimetières genevois, a annoncé la Ville jeudi dernier. L'objectif est de répondre à l’urgence climatique.

Pour le Service des espaces verts, la saison de plantation a commencé le 2 novembre et s'étendra jusqu’à début avril prochain. Habituellement, entre 150 et 200 arbres sont plantés chaque hiver dans les parcs ou sur les rues. Mais des équipes supplémentaires sont actuellement mobilisées pour en planter trois fois plus.

Cette augmentation fait suite à la décision prise en juin dernier par Alfonso Gomez, conseiller administratif en charge de l’Environnement. Elle prévoit que chaque arbre abattu sera désormais remplacé par trois arbres plantés.

Un groupe de travail a été initié cet automne pour inventorier tous les potentiels d'arborisation, afin d’atteindre l’objectif de 30% de canopée en 2030.