Modifié

Douze nouvelles espèces de mammifères recensées en Suisse

La loutre a fait son retour à l'état sauvage en Suisse. [Keystone - Walter Bieri]
La Suisse compte 12 mammifères de plus qu'il y a 25 ans, selon une étude: interview de Manuel Ruedi / Le 12h30 / 4 min. / le 23 mars 2021
La Suisse compte aujourd'hui douze mammifères de plus qu'il y a 25 ans. Certaines espèces comme le loup et la loutre sont de retour, tandis que d'autres, comme la musaraigne du Valais ou le murin cryptique, ont été découvertes durant cet intervalle.
Un chat sauvage, dont la population est à nouveau en augmentation en Suisse. [Keystone - Martin Schutt]
Un chat sauvage, dont la population est à nouveau en augmentation en Suisse. [Keystone - Martin Schutt]

En plus des espèces nouvellement observées par rapport à 1995, les experts ont également documenté une extension significative de la répartition de certains mammifères sauvages. Ceux-ci comprennent notamment le lynx, le loup, le chat sauvage, le castor ou le cerf élaphe, expliquent mardi l'Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT) et la Société suisse de biologie de la faune (SSBF).

Au total, 99 espèces de mammifères ont été identifiées en Suisse et au Liechtenstein, soit douze de plus que lors du dernier recensement de 1995.

Petites espèces en fort recul

De nombreuses espèces de plus petite taille sont par contre en fort recul. Ainsi, plus de la moitié des 30 espèces de chauves-souris figurent aujourd'hui sur la liste rouge des espèces en danger. Leurs habitats et leur nourriture, en particulier les insectes, ont fortement diminué tandis que la pollution lumineuse ou les pesticides se sont développés.

Un cerf élaphe photographié pendant la période de rut, entre les mois de septembre et octobre. [AP/Keystone - Attila Kovacs]
Un cerf élaphe photographié pendant la période de rut, entre les mois de septembre et octobre. [AP/Keystone - Attila Kovacs]

Les espèces de petits mammifères sont souvent difficiles à identifier, précise devant les médias Manuel Ruedi, conservateur au Muséum d'histoire naturelle de Genève. Depuis 30 ans, les méthodes de détection se sont diversifiées. La génétique entre en jeu. L'identification se fait notamment à partir d'analyses de crottes.

"On parle d'érosion de la biodiversité, ce qui est le cas pour les petits mammifères, mais paradoxalement, puisque l'on connaît mieux la faune de nos contrées et qu'on a découvert certaines espèces qui n'existaient pas, le bilan est positif", indique Manuel Ruedi au micro du 12h30.

Le retour de certaines espèces, comme le loup ou le sanglier, est lié à une meilleure protection, alors que d'autres, à l'instar du chacal doré venu des Balkans, ont étendu naturellement leur aire de distribution, précise le spécialiste.

En 25 ans, les sensibilités ont changé, relève entre Manuel Ruedi. "On a une plus grande acceptation et nos lois ont évolué vis-à-vis d'espèces, comme le loup ou le cerf, qui peuvent être des concurrents pour l'humain", salue-t-il.

Nouvel atlas

Des bénévoles ont également apporté leur pierre à la constitution de cet inventaire des mammifères en Suisse. Grâce à leurs observations, ils ont pu compléter les données récoltées par les spécialistes. Ce travail a notamment permis de repérer au Tessin la musaraigne étrusque. Un animal vedette, puisqu'il s'agit ni plus ni moins que du plus petit mammifère au monde, indique Manuel Ruedi.

La musaraigne étrusque, avec sa masse moyenne de 1,8 gramme, est le plus petit mammifère au monde. [Wikicommons - Lies Van Rompaey]
La musaraigne étrusque, avec sa masse moyenne de 1,8 gramme, est le plus petit mammifère au monde. [Wikicommons - Lies Van Rompaey]

Ces données figurent dans le nouvel "Atlas des mammifères", réalisé par plus de 70 auteurs. La base de données nationale Info Fauna a recueilli plus de 1'141'000 observations depuis l'an 2000. Cette vaste base de données fournit l'image la plus précise à ce jour de la présence de mammifères sauvages en Suisse et au Liechtenstein, selon la SCNAT et la SSBF.

A chaque espèce de mammifère est associée une carte de la Suisse qui indique les endroits où l'animal a été observé. La fiche indique aussi quel est son milieu de prédilection et à quelle altitude on a de grandes chances de le rencontrer. Des espèces ont été vues jusqu'à 4000 mètres, souligne Simon Capt, du centre suisse de cartographie de la faune et co-auteur de l'atlas.

ats/kkub

Publié Modifié